Israël : le test des postes ministériels
Le leader d’extrême droite Itamar Ben-Gvir brigue le ministère de la Sécurité intérieure. Le futur Premier ministre lui concédera-t-il ce département sensible?
Fort de la majorité absolue de 64 députés de sa coalition à la Knesseth, Benjamin Netanyahou a commencé ses consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement. L’équation est à la fois simple et compliquée. Simple parce que toutes les composantes de l’alliance ont intérêt à contribuer à la mise en place du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël. Compliquée parce qu’il s’agit pour le futur Premier ministre de respecter de savants équilibres et d’éviter, avec la composante d’extrême droite de l’attelage, de susciter des inquiétudes excessives au sein de la société israélienne et de la part des partenaires d’Israël, notamment européens et américain.
Le dilemme pour Netanyahou consiste à «récompenser» Itamar Ben-Gvir pour son résultat tout en limitant son pouvoir de nuisance futur.
Avec quatorze députés, l’extrême droite du Parti sioniste religieux est devenue la troisième famille politique du pays derrière le Likoud de Benjamin Netanyahou (32 élus) et le parti centriste Yesh Atid (24 sièges) du Premier ministre sortant Yaïr Lapid, et la deuxième force de la coalition de droite appelée à former le gouvernement devant le Shas (11 députés) et le Judaïsme unifié de la Torah (7 élus). Mais les composantes du Parti sioniste religieux reprennent leur indépendance dans les négociations gouvernementales. En l’occurrence, la plus extrême d’entre elles, Force juive, d’Itamar Ben-Gvir, est forte de six députés, un poids non négligeable puisque sans lui, ce qui resterait de l’alliance de droite serait privé de la majorité à la Knesseth... Le dilemme pour Benjamin Netanyahou consiste donc à «récompenser» Itamar Ben-Gvir pour son résultat tout en limitant son pouvoir de nuisance futur.
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Rapport de force
«Avec six députés, Itamar Ben-Gvir peut légitimement réclamer deux ministères, analyse Denis Charbit, professeur de science politique à l’Open University d’Israël. L’un des deux sera un poste important. Pour le reste, c’est une question de rapport de force: qui pliera le premier? Dans un premier temps, il semblerait plausible qu’Itamar Ben-Gvir s’incline. Il ne devrait obtenir ni les Affaires étrangères, ni les Finances, ni l’Intérieur, encore moins la Justice ou l’Education. Obtiendra-t-il le ministère de la Sécurité intérieure qu’il réclame? Consentira-t-il à occuper un autre poste? Il y aurait une fameuse ironie à le voir diriger le département de la Sécurité intérieure alors qu’il y a un an et demi, le chef de la police d’Israël, Kobi Shabtai, l’a nommément accusé d’avoir mis le feu aux poudres à Jérusalem-Est au moment des émeutes qui se sont étendues à des villes arabes israéliennes. Il est possible aussi qu’il se contente d’un poste ministériel pas trop reluisant à condition d’obtenir des concessions en faveur des implantations.»
Kobi Shabtai, qu’Itamar Ben-Gvir a rencontré récemment, selon la chaîne télé d’information i24 News, a toutefois indiqué, le 7 novembre, qu’il était prêt à travailler avec le leader de Force juive. L’ opération «normalisation» du dirigeant d’extrême droite pourrait donc s’avérer payante et le propulser au ministère de la Sécurité intérieure.
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