Conflit Israël-Iran: l’«axe de la résistance» contre l’Etat hébreu a perdu de sa puissance
Le Hamas sérieusement affaibli, le Hezbollah décapité: l’Iran ne peut plus guère compter sur ses proxys pour entraver la volonté d’Israël.
«La résistance dans la région ne reculera pas malgré les martyrs et remportera la victoire.» Le Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a fait preuve d’un optimisme hors sol, le 4 octobre, en commentant, lors de la grande prière du vendredi à la mosquée Mosalla de Téhéran, l’attaque iranienne sur Israël menée trois jours plus tôt en réaction à l’assassinat, le 27 septembre, de son fidèle allié, le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah. Qui peut sérieusement imaginer, même à Téhéran, que le mouvement chiite du pays du Cèdre puisse briguer une quelconque victoire face à Israël avant plusieurs générations? Même les coups portés à Tsahal lors de ses incursions dans le sud du Liban ne pourraient constituer qu’une «maigre consolation» en regard de la décapitation subie par le Hezbollah. La réalité est que l’«axe de la résistance» mis en place par le régime de Téhéran pour s’opposer à l’Etat hébreu est considérablement affaibli.
Le Hamas pas éradiqué mais presque
Des roquettes ont été tirées le 7 octobre depuis Khan Younès, localité du sud de la bande de Gaza, sur le territoire israélien. Le groupe islamiste Hamas entendait signifier par cette attaque qu’il poursuit le combat un an après le massacre que ses miliciens ont perpétré dans le pourtour du territoire palestinien. «Notre choix est de poursuivre la confrontation dans le cadre d’une longue bataille d’usure, douloureuse et coûteuse pour l’ennemi», a asséné dans la foulée le porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement. Mais de quels moyens et forces dispose-t-il encore pour nourrir ses ambitions?
En douze mois d’intensives offensives aériennes et terrestres de l’armée israélienne, il a perdu son chef militaire, Mohammed Deif (le 13 juillet dernier, à la suite d’un bombardement sur Khan Younès), et les numéros un et deux de son bureau politique, Ismaïl Haniyeh (le 31 juillet, dans une explosion à Téhéran), et Saleh al-Arouri (le 2 janvier, par une frappe de drone à Beyrouth). Par ailleurs, on ne compte plus les commandants en charge d’un département ou d’une zone géographique tués par Tsahal depuis le 7 octobre 2023. Il ne reste plus guère que le leader du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, qui a succédé à Ismaïl Haniyeh à la tête du mouvement, et un de ses prédécesseurs, Khaled Mechaal, qui réside au Qatar, comme figures «tutélaires». Surtout, la troupe des miliciens a été décimée. Selon un décompte établi par Tsahal à la mi-août, quelque 17.000 d’entre eux auraient été tués. Leur nombre était estimé à 40.000 avant la guerre. En y ajoutant les blessés, seuls quelques milliers représenteraient encore une menace pour Israël, mais avec des infrastructures pour la plupart réduites en ruines, hormis des tunnels, et des armements en nombre limité. Des dépôts d’armes ont été neutralisés par l’armée israélienne et le trafic est rendu particulièrement compliqué depuis que celle-ci contrôle le corridor de Philadelphie, à la frontière entre Gaza et l’Egypte.
«Le Hezbollah a encore réussi à procéder, le 8 octobre, à la plus importante salve de roquettes contre la ville d’Haïfa.»
Le Hezbollah décapité mais pas désarmé
Le Hezbollah libanais était le fer de lance de la «résistance» mise en place par l’Iran contre Israël. Il l’est toujours. Mais il n’a ostensiblement plus le même pouvoir de nuisance après les attaques perpétrées par Israël contre son leadership et ses infrastructures militaires à partir du 17 septembre dernier en réaction aux tirs de roquettes réguliers des miliciens chiites sur le nord du pays après le 7-Octobre. A ce stade, son affaiblissement concerne davantage son organisation que ses effectifs miliciens.
Son secrétaire général, Hassan Nasrallah, figure emblématique du mouvement, a été tué dans un bombardement d’immeubles de la banlieue sud de Beyrouth, le 27 septembre. Celui qui était pressenti pour lui succéder, Hachem Safieddine, l’aurait été dans la nuit du 3 au 4 octobre en des circonstances similaires, avant même d’avoir pu être intronisé. A cette décapitation faîtière, s’ajoutent les assassinats de Fouad Chokr, le haut commandant militaire du Hezbollah, le 30 juillet, d’Ibrahim Aqil, le leader de la force d’élite Radwan, le 20 septembre, d’Ibrahim Kobeissy, le chef de l’unité des missiles, et d’autres, sans compter les blessures infligées à des milliers de responsables lors de l’explosion des bipeurs et talkies-walkies les 17 et 18 septembre…
Il reste qu’Israël est loin d’avoir décimé les effectifs des miliciens du Hezbollah comme il l’a fait avec ceux du Hamas. Si c’est son objectif, il devra sans doute multiplier les attaques terrestres dans le sud du Liban, ce qu’il semble rechigner à faire, échaudé par le souvenir de la guerre de 2006 où la résistance du Hezbollah avait été sacrée comme un succès après le retrait de Tsahal. En attendant, le groupe chiite libanais a encore réussi à procéder, le 8 octobre, à la plus importante salve de roquettes ayant touché la ville israélienne d’Haïfa.
A côté de ce qu’était le Hamas et de ce qu’est encore le Hezbollah, les autres proxys iraniens semblent des acteurs à la faculté de nuisance relativement négligeable. Les milices chiites en Syrie et en Irak sont davantage une menace pour les bases militaires américaines dans les deux pays, qui pourraient être ciblées de manière plus conséquente en cas de guerre ouverte entre la coalition israélo-américaine et l’Iran. Les rebelles houthis yéménites ont certes réussi à frapper à l’une ou l’autre occasion Eilat ou Tel-Aviv au moyen de missiles ou de drones. Mais là aussi, leur capacité d’action est limitée, affectant surtout le trafic maritime en mer Rouge et seulement indirectement Israël. Elle est aussi contenue, Américains et Israéliens y répondant par des bombardements sur des cibles impliquées dans ces attaques «en solidarité avec les Palestiniens».
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