Incendies en Grèce: 82 morts et un difficile processus d’identification
Les légistes tentaient jeudi de mettre un nom sur des dizaines de corps retrouvés dans les zones ravagées par l’incendie de lundi à l’est d’Athènes, le plus meurtrier de l’histoire récente de la Grèce avec 82 morts et qui pose la question des responsabilités.
Une 82ème victime a été annoncée par les pompiers, qui n’ont pas précisé s’il s’agit de la découverte d’un nouveau corps, ou d’un blessé ayant succombé à l’hôpital.
Selon la chaîne publique ERT, plus d’une trentaine de corps ont été identifiés.
Les autres sont toujours en cours d’examen par une équipe renforcée de légistes, qui espérèrent terminer la procédure samedi, pour une bonne part grâce à l’ADN de proches supposés, a expliqué à l’agence de presse grecque ANA le chef du service médico-légal d’Athènes, Nikos Karakoukis.
Un des légistes a qualifié auprès de l’agence la catastrophe de « massive, avec beaucoup de corps calcinés, ce qui complique la procédure ». Les familles ne sont pas autorisées à voir les corps, un des médecins confiant que le corps médical lui-même « avait du mal à supporter ».
Outre un numéro officiel ouvert aux familles, un mur des disparus informel, ouvert par des développeurs privés sur internet, et selon la presse « agréé » par la Protection civile, affichait toujours jeudi la photo de 27 personnes portées disparues, sans qu’on puisse savoir si certaines figurent ou non parmi les corps retrouvés.
Des hommes et femmes de tous âges, pour la plupart souriants sur des photos de famille, tous porteurs de noms grecs. Parmi eux, les petites jumelles Vassiliki et Sofia Filippopoulou et leurs grands-parents. La quête de leur père et fils Yiannis pour les retrouver a fait le tour des médias ces derniers jours.
« Nous allons bien »
Par ailleurs, le ministère des Infrastructures a annoncé que sur 2.489 maisons auscultées par quelque 340 agents jusqu’à mercredi soir dans la zone côtière sinistrée de Mati, près de la moitié (48,93%) ne sont plus habitables.
A Mati jeudi matin, les agents du ministère sillonnent les ruelles pour marquer les maisons « de différentes couleurs en fonction de leur état, celles qu’il faudra détruire, et celles qui peuvent être réparées » explique Sia, une des employées.
Sur des portails, des habitants ont apposé des messages signalant qu’ils « allaient bien ». En revanche, la veuve du cinéaste Theo Angelopoulos a indiqué que les « archives personnelles » de son mari sont parties en fumée dans la destruction de la maison familiale.
Nombre de rescapés ont été pris en charge par des associations, qui fournissent hébergement dans les villes voisines, vêtements et nourriture. La situation a créé un vaste élan de solidarité.
Le ministère de l’Éducation a annoncé que trois établissements scolaires seraient rouverts vendredi dans la zone, pour que les parents puissent y déposer leurs enfants, qui seront pris en charge par du personnel enseignant.
Le gouvernement a annoncé mercredi soir tout un train de mesures d’urgence pour les sinistrés, allant du versement d’indemnités pour la perte des proches et des maisons à l’exonération du paiement de l’électricité ou au rattrapage de points au concours universitaire. Les obsèques des victimes seront prises en charge.
« Absoudre ses péchés »
Un fonds spécial pour le réaménagement de la zone, ouvert aux dons, notamment étrangers, sera aussi créé, avec l’apport initial de 40 millions d’euros par l’État grec.
« Le gouvernement cherche à absoudre ses péchés en annonçant un paquet préélectoral », commente froidement le journal centriste d’opposition, Ta Nea. « Une tentative du gouvernement pour gérer politiquement son inaptitude », lance le quotidien libéral Kathimerini.
Les partis d’opposition restent discrets pendant le deuil national qui s’achève vendredi, et la presse pro-gouvernementale préfère souligner la vague de solidarité levée par la tragédie.
Mais la presse d’opposition commence à s’en prendre aux autorités. Ta Nea regrette qu’il n’y ait « pas encore eu de démission ».
Kathimerini dénonce en bloc les divers services impliqués, en publiant les actes d’une réunion de coordination sur la prévention des feux tenue en avril en Attique, la région sinistrée.
« Municipalités, préfectures, pompiers et forestiers se sont disputés au lieu d’organiser la lutte contre le feu », souligne le journal, dénonçant après le drame de lundi « l’arbitraire et l’irresponsabilité du gouvernement, des autorités locales, de la préfecture » notamment.
« Ce désastre horrible va être le prétexte d’une controverse politique », prédit le journal.
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