Droits humains Human Rights Watch
Tirana Hassan, directrice de Human Rights Watch. © Belga Image

Human Rights Watch craint que les droits humains soient encore plus menacés par le retour de Trump

La « lâche » inaction de nombreux gouvernements pour défendre les plus faibles encourage un « effilochage » des règles internationales, dénonce Human Rights Watch jeudi, craignant que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n’aggrave encore la situation des droits humains dans le monde.

Gaza, Soudan, Birmanie, Haïti… Le monde a été témoin, en 2024, des « violations les plus extrêmes« , dénonce la patronne de l’organisation Tirana Hassan lors d’un entretien à l’AFP à l’occasion de la publication jeudi de son rapport annuel. Marquée par des dizaines d’élections et des guerres meurtrières, l’année passée a mis au défi « l’intégrité des institutions démocratiques » et le droit international, note le document de plus de 500 pages, passant en revue une centaine de pays. Mais beaucoup de gouvernements « ont échoué à ce test », juge HRW, évoquant la « répression accrue » en Russie, en Inde, au Venezuela, et la poursuite des conflits armés à Gaza, au Soudan ou en Ukraine.

Ces guerres et d’autres crises humanitaires, marquées par une « lâche réticence de nombreux gouvernements » à combattre les violations des droits, ont mis en lumière « l’effilochage des normes internationales de protection des civils et le coût humain dévastateur lorsqu’elles sont bafouées », insiste Human Rights Watch. « Quand des gouvernements n’agissent pas pour protéger les civils en grand danger, non seulement ils les abandonnent à la mort et aux blessures, mais ils sapent les normes qui protègent les gens à travers le monde », poursuit le rapport, décrivant un « nivellement par le bas ».

Au banc des accusés, les « autocrates » qui ont « renforcé leur pouvoir » dans des pays comme la Russie ou le Mali, mais aussi « des démocraties libérales » qui ne sont « pas toujours des défenseurs fiables des droits humains, chez elles ou à l’étranger ». Et au premier chef, les Etats-Unis de Joe Biden qui ont « continué les transferts d’armes vers Israël », alors que « les preuves s’accumulent concernant l’utilisation d’armes américaines pour commettre des crimes de guerre et tuer des civils » à Gaza, souligne Tirana Hassan.

Les craintes face au retour de Trump

L' »incohérence » de certains Etats dans leur défense des droits humains est « très dangereuse parce que cela envoie le message que certains droits s’appliquent à certaines personnes et pas à d’autres », poursuit-elle. Et la situation pourrait encore se dégrader avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche la semaine prochaine, alerte Human Rights Watch, craignant qu’il ne « répète ou même amplifie les graves violations des droits » observés lors de son premier mandat, « encourageant des dirigeants autocrates à faire de même ».

« L’administration Trump a donné des indications sur des attaques à venir contre les droits humains, les droits des migrants, des femmes, des personnes LGBT au niveau national. Mais les impacts sur la politique étrangère pourraient être aussi très graves », met en garde Tirana Hassan. Si les Etats-Unis se mettent à nouveau « en retrait du système multilatéral », « cela laissera un grand vide qui sera rempli par des acteurs opportunistes comme la Chine, qui ne demandent pas mieux que de pouvoir faire avancer leur politique anti-droits », ajoute-t-elle.

La population combat pour ses droits

Malgré ce sombre tableau de la situation des droits humains sur la planète, « tout n’est pas tout noir« , assure-t-elle toutefois, mettant en avant, face l’inaction des Etats, le relai pris par la justice internationale et des mouvements populaires, comme celui qui, en août, a chassé du pouvoir au Bangladesh l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, qui dirigeait le pays d’une main de fer.

Ces « mouvements de résistance » soulignent une « réalité cruciale: le combat pour les droits est souvent mené par des gens ordinaires, qui en ont marre de l’injustice et de la corruption », estime HRW. Un combat qui est « le défi de notre temps », insiste la patronne de l’organisation. Si tout un chacun peut se sentir « submergé par les horreurs » qui se produisent à travers le monde, « nous n’avons pas le luxe de lever les bras au ciel et de dire que c’est trop dur », plaide-t-elle.

« Parce que si 2024 nous a appris quelque chose, c’est qu’ignorer les droits humains, ignorer leur violation, n’est pas un exercice académique ou une question de droit. Des vies sont impactées. Des gens meurent. » Comme à Gaza, où HRW accuse Israël de « crimes contre l’humanité » et de « génocide », au Soudan où les civils sont victimes « d’atrocités généralisées », ou en Haïti, où la violence des gangs atteint « des niveaux catastrophiques ».

Lire plus de:

Contenu partenaire