Hadja Lahbib à l’Assemblée générale des Nations unies: « L’ONU doit se réinventer, c’est une réalité »
La semaine de haut niveau des Nations Unies se termine avec un constat: le monde et ses équilibres ont changé et l’Assemblée générale de l’ONU n’est peut-être plus un lieu privilégié pour aborder les défis géopolitiques. Mais « c’est le seul endroit ou 193 états peuvent encore se rassembler et penser à se réinventer », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib au moment de conclure sa mission à New York.
« Nous terminons la semaine avec un record de 35 rencontres bilatérales et événements organisés ou coprésidés« , a déclaré la ministre tout sourire lors d’un moment de célébration avec l’équipe des Affaires étrangères, vendredi soir.
Oman, la Jordanie, la Turquie, l’autorité palestinienne, les Emirats arabes unis, Angola, le Burundi, la RDC, l’Algérie… La ministre a rencontré des pays de tous horizons. « Cette semaine de haut niveau nous permet de rencontrer tous les homologues avec qui on doit parler, et de forger des coalitions avec ceux qu’on ne voit pas beaucoup. Cela demanderait des semaines voire des mois de déplacements à l’étranger », a indiqué la ministre.
Des critiques avaient visé le nombre important de ministres du gouvernement fédéral ayant fait le déplacement – outre Hadja Lahbib, le Premier ministre Alexander De Croo, le ministre de l’Economie et de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, la ministre de la Coopération au développement, Caroline Gennez, et le ministre de la Justice et de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, étaient présents.
« Le Conseil de sécurité est affaibli par l’un de ses membres »
Un seul dirigeant des Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU était présent cette semaine, à savoir le président américain Joe Biden. Le président français Emmanuel Macron, tout comme les dirigeants chinois, Xi Jinping, russe, Vladimir Poutine, et britannique, Rishi Sunak, brillaient par leur absence.
« On peut y lire que la semaine de haut niveau n’est peut-être plus le lieu privilégié pour aborder les défis géopolitiques. C’est vrai que le Conseil de sécurité est affaibli par l’un de ses membres (la Russie, NDLR), qui paralyse les discussions sur l’Ukraine ou sur le Moyen-Orient », a commenté Mme Lahbib, rappelant que le veto russe empêchait cette instance de porter le crime d’agression contre l’Ukraine devant la Cour pénale internationale. La ministre a d’ailleurs plaidé pour la création d’un tribunal spécial international cette semaine.
L’ONU doit se réinventer, c’est une réalité
L’ONU est aussi critiquée par des pays du Sud, qui disent ne pas être suffisamment entendus.
« Le monde a changé depuis 1945, lorsque l’ONU a été créée. Il y a de nouveaux défis et l’ONU doit se réinventer, c’est une réalité« , a indiqué Mme Lahbib. « Il faut entendre les pays qui estiment ne pas avoir leur place. »
Doit-on faire entrer d’autres pays au Conseil de sécurité, qui endosse la responsabilité principale quant au maintien de la paix et de la sécurité internationales? Faut-il réformer le droit de veto au sein de cet organe? « Ce n’est pas à la Belgique de se positionner », a répondu la ministre, ajoutant que les rencontres avec des « petits pays » constituait un « signal qu’ils ont voix au chapitre ».