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Guerre en Ukraine: «Un cessez-le-feu pourrait voir le jour en 2025»

Où en sont les négociations sur la guerre en Ukraine? Depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, Poutine semble disposé à participer à des pourparlers de paix mais ne veut pas discuter avec Zelensky. Selon Raoul Delcorde, professeur de relations internationales à l’UCLouvain et ancien ambassadeur belge, «le calendrier est propice à des avancées».

Le président russe Vladimir Poutine a fait savoir mardi que son pays pourrait participer à des pourparlers de paix avec l’Ukraine, mais il a exclu de parler directement au président Volodymyr Zelensky, qu’il a qualifié d’«illégitime». Le dirigeant ukrainien a répondu en disant que M. Poutine avait «peur» des négociations et qu’il utilisait des «astuces cyniques» pour prolonger le conflit qui dure depuis près de trois ans.

Le président américain Donald Trump a fait pression sur les deux parties pour mettre fin aux combats depuis son entrée en fonction le 20 janvier, menaçant de durcir les sanctions contre la Russie tout en affirmant que Zelensky était prêt à négocier un «accord». Poutine a assuré lors d’une interview à la télévision d’Etat que les combats cesseraient en moins de «deux mois» si l’aide occidentale fournie à Kiev s’épuisait, ce que l’Ukraine redoute.

L’idée de négociations entre Moscou et Kiev est de plus en plus souvent évoquée ces derniers mois par les deux parties ainsi que leurs alliés respectifs, mais rien n’indique pour l’heure qu’elle se concrétisera. Toutefois, Raoul Delcorde, professeur en relations internationales à l’UCLouvain et ancien ambassadeur belge, estime que ce sera bientôt le cas.

Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, qui avait promis de régler la guerre en 24h, des négociations entre l’Ukraine et la Russie pourraient-elles bientôt voir le jour?

Raoul Delcorde: Je le pense, le calendrier est propice à des avancées. Trump veut être un peacebroker – un faiseur de paix – à sa manière, c’est-à-dire transactionnel. (D’ailleurs, les Européens font aussi du transactionnel). Mais il faut laisser les Européens faire le gros du travail. L’Ukraine ne peut pas négocier en capitulant, l’Europe doit lui donner des garanties de sécurité pour garantir un deal de cessez-le-feu – ce qui ne signifie pas la faire entrer immédiatement dans l’Otan. Il y a une fenêtre d’opportunité avec la Pologne qui préside l’UE en ce moment. On peut compter sur le Premier ministre Donald Tusk, pro-européen et pro-Otan, pour faire compter la voix de l’Europe à Washington.

Poutine ne veut négocier qu’avec les Etats-Unis, car il méprise les Européens. Son objectif est de renverser Zelensky et d’installer un régime pro-russe à Kiev. Il y a déjà eu des négociations entre pays ennemis qui se sont faites sans que les délégations ne se rencontrent, c’est comme ça que ça va se passer. Peut-être qu’Erdogan pourrait faire office d’intermédiaire.

A quoi pourrait ressembler l’accord?

Je pense qu’il pourrait y avoir une situation similaire à celle des deux Corées depuis 1953, avec une ligne de cessez le feu, sans accord de paix. Je suis peut-être trop optimiste mais j’ai le sentiment qu’on pourrait y arriver en 2025, bien que la situation ne se règlera pas en 24 heures.

Les combats peuvent-ils cesser dans deux mois, comme le dit Poutine?

On est englué dans une guerre de position, de part et d’autre. Il faudrait plus d’un siècle, au rythme où les troupes russes avancent, pour pouvoir conquérir l’ensemble de l’Ukraine. A partir du moment où il y a un morceau du territoire ukrainien occupé, Poutine va-t-il accepter de retirer ses troupes? A partir du moment où il y a des négociations, il faut délimiter une ligne de cessez-le-feu.

Pourquoi Trump a-t-il davantage de pouvoir que Biden ou d’autres dirigeants sur la Russie?

Il a l’avantage d’aimer négocier avec les régimes autocratiques, car il a un langage commun avec eux. Biden et les démocrates n’étaient pas assez fermes, leur message n’était pas clair, et l’ancien président ne parlait pas à Poutine.

L’obsession première des Etats-Unis sur le plan sécuritaire, c’est la Chine. Et cette dernière s’abrite bien derrière le conflit en Ukraine pour avancer ses pions, donc Trump a un intérêt à ce que le conflit soit résolu. Il a plus de chance d’aboutir, mais ce n’est pas possible sans les Européens à bord.

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