Guerre en Ukraine : l’anxiété grandit chez les Belges sans affecter le soutien à Kiev
Selon le dernier baromètre de la Fondation Bertelsmann, en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin, deux tiers des Belges considèrent que l’agression de l’Ukraine est une attaque contre l’Europe.
Le soutien de la population à l’effort de guerre est un élément clé de l’issue d’une guerre. Le moral de l’arrière du front, même éloigné, est crucial. Dans sa troisième déclinaison après des études en mars et en septembre 2022, l’enquête réalisée en décembre dernier auprès de l’opinion publique européenne par la Fondation Bertelsmann en Allemagne et publiée le 16 février en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin révèle que 64% des Belges voient dans l’invasion russe de l’Ukraine une attaque contre l’Europe et, dans la résistance ukrainienne, une défense de leur pays mais aussi de la liberté et de la prospérité du continent. Ce sentiment grimpe à un taux de 80% d’approbation en Pologne et en… Espagne. Le président Volodymyr Zelensky avait donc sans doute raison de proclamer devant les députés du Parlement européen à Bruxelles, le 9 février: «Nous nous défendons, nous vous défendons», pour mettre en exergue la communauté de valeurs qui unit désormais les Ukrainiens et les citoyens de l’Union européenne.
Les Européens les plus anxieux sont tous aussi favorables au soutien à l’Ukraine que l’ensemble des citoyens sondés.
L’étude réalisée dans sept pays pointe néanmoins une augmentation du climat d’anxiété observé auprès des Européens du fait de la guerre. Les Belges sont 61% à estimer que le monde est devenu dangereux et que la situation allait mieux avant. La moyenne européenne s’établit à 66%. Mais cette prise de conscience n’obère pas leur soutien aux Ukrainiens. «Le niveau d’anxiété est exceptionnellement élevé en ce moment, commente Isabell Hoffmann, experte Europe à la Fondation Bertelsmann. Etant donné la brutalité de la guerre, ses conséquences et le niveau global de menace, ce n’est pas étonnant. Ce qui est remarquable, en revanche, c’est que les Européens les plus anxieux sont tous aussi favorables au soutien à l’Ukraine que l’ensemble des citoyens sondés.» Cette menace davantage ressentie n’altérerait donc pas l’adhésion à la lutte de l’Ukraine pour son indépendance.
Désaffection aux états-Unis
La permanence de ce soutien en Europe détonne avec l’évolution de l’opinion aux Etats-Unis. Selon une étude du Pew Research Center réalisée en décembre dernier, 51% des Américains continuent à approuver l’aide américaine à l’Ukraine, une adhésion qui ne cesse cependant de faiblir: elle était de 56% en septembre 2022, de 66% en mai et de 74% en mars. C’est parmi les supporters des Républicains que la désaffection se fait le plus ressentir: ils sont désormais 40% à estimer que l’assistance à l’Ukraine est trop importante.
Même s’il n’atteint pas les démocrates, ce désenchantement pourrait peser sur la politique américaine à l’égard de Kiev. Depuis les élections de mi-mandat de novembre 2022, le Parti républicain contrôle la Chambre des représentants. Comme les Etats-Unis sont les principaux pourvoyeurs en armements de l’Ukraine face à la Russie, l’éventuelle pression des électeurs trumpistes sur les députés pourrait ne pas être anodine pour l’avenir des Ukrainiens de Kiev à Kharkhiv…
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