Guerre en Ukraine : la Russie est-elle condamnée à faire du surplace?
Alors que Moscou fait face à une expansion potentielle de l’OTAN, avec les demandes accélérées de ralliement de la Finlande et de la Suède, son offensive terrestre n’avance pas. La Russie risque-t-elle de perdre complètement son élan?
La bataille du Donbass ressemble de moins en moins à la « bataille historique » envisagée par le président russe Vladimir Poutine. C’est du moins les conclusions d’une évaluation accablante faite par le renseignement militaire britannique, hier. « L’élan de la Russie est terminé », peut-on y lire. Les Britanniques estiment que l’armée russe a perdu un tiers de ses forces terrestres – tuées, blessées ou capturées – et décrivent à quel point elle est en retard. Dans les circonstances actuelles, l’avancée russe ne progressera pas comme attendu, selon le rapport.
Malgré ces nombreux signes de faiblesse russe, l’Ukraine reste sur ses gardes. Le pays se prépare à une intensification des attaques russes dans le Donbass, dans l’est du pays, objectif prioritaire de Moscou mais où ses forces sont donc à la peine, tandis que l’armée ukrainienne poursuit sa contre-offensive dans la région de Kharkiv.
« On se prépare à de nouvelles tentatives de la Russie d’attaquer au Donbass, pour en quelque sorte intensifier son mouvement vers le sud de l’Ukraine », a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée dimanche soir. Et pourtant selon lui, « les occupants ne veulent toujours pas admettre qu’ils sont dans une impasse ».
Ce blocage de l’avancée russe n’est pas un coup de tonnerre. Depuis le début de la guerre, les erreurs de l’armée rouge se sont accumulées. La plus récente en date: des soldats russes se sont aventurés à traverser une rivière près du village de Bilohorivka, dans la région de Lougansk, et y ont été piégés. L’armée ukrainienne a bombardé le pont et des centaines de soldats russes ont été tués.
Le fait même d’avoir décidé de traverser cette rivière est une décision risquée, selon les Britanniques. Car cette nouvelle perte catastrophique souligne le manque systématique de planification et de stratégie de la part des hommes de Vladimir Poutine. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les preuves de faiblesse de l’armée russe se multiplient : les forces de Poutine sont trop inexpérimentées, la communication est inefficace, les approvisionnements défaillants.
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Des retours et un boost pour le moral
En réduisant son front fin mars, en se retirant notamment des alentours de Kiev, la Russie pensait remporter des succès plus nombreux et plus rapides en concentrant ses forces dans le Donbass et dans le Sud. Et rattraper ainsi les offensives ratées des premiers mois. Mais même avec cette concentration des forces russes, la défense ukrainienne tient le coup. Preuve en est, la semaine dernière, les Ukrainiens ont repoussé les Russes autour de Kharkov, la deuxième ville du pays.
Selon les autorités locales, 2.000 Ukrainiens rentrent désormais chez eux chaque jour. Sans se laisser décourager, l’armée ukrainienne prévoit une contre-offensive autour de la ville d’Izioum, où les combats sont actuellement les plus intenses. Les troupes russes qui se sont retirées de Kharkov se seraient déplacées vers cette région.
Alors que la victoire du concours de l’Eurovision a symboliquement remonté le moral des Ukrainiens, leur armée seule n’est pas assez forte pour chasser complètement les Russes du pays. Le président yr Zelensky reste prudent. « La situation est difficile. Les Russes ne s’arrêteront pas et continueront d’essayer. Malgré les pertes dans l’est de l’Ukraine, l’armée russe cible les villes autour d’Izioum. La semaine dernière, ils ont également pris la ville de Poposna. Et à Marioupol, les combats continuent. Selon les autorités ukrainiennes, la Russie a largué des bombes au phosphore sur l’usine d’Azovstal, dernier bastion de la résistance dans la ville portuaire du sud.
Depuis plus d’un mois, les forces armées russes ciblent le Donbass, l’objectif le plus important à court terme. Mais sur la même période, l’Occident a fortement intensifié ses efforts. Des armes plus lourdes sont maintenant fournies de façon régulière. « Plus d’armes et d’aide sont en route vers l’Ukraine », a déclaré Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, après sa rencontre avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Berlin. Pendant ce temps, les dizaines de nouveaux obusiers de Washington sont déployés en première ligne.
Élargissement de l’OTAN
La Russie ne subit pas uniquement des difficultés sur le terrain. Moscou fait également face à une expansion potentielle de l’OTAN, qui pourrait rapprocher l’alliance militaire de ses frontières. Poutine a averti que l’adhésion de la Finlande et de la Suède aurait de « graves conséquences ». Mais sa rhétorique menaçante devient de moins en moins efficace. Le fait que la Suède soit à nouveau favorable à une adhésion, – et où les doutes sur l’adhésion étaient plus grands qu’en Finlande-, prouve que l’influence de Poutine n’inquiète plus comme auparavant.
Candidatures de la Suède et de la Finlande à l’Otan: une « grave erreur », selon la diplomatie russe
Les candidatures de la Suède et de la Finlande à l’Otan en réaction à l’offensive russe contre l’Ukraine constituent une « grave erreur », a jugé lundi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
« C’est une grave erreur supplémentaire dont les conséquences auront une portée considérable », a-t-il estimé, cité par l’agence russe Interfax.
Selon lui, la réponse de la Russie « dépendra des conséquences pratiques de l’adhésion » des deux pays scandinaves à l’Alliance atlantique.
« Pour nous, il est clair que la sécurité de la Suède et de la Finlande ne sortira pas renforcée par cette décision », a-t-il martelé, relevant que « le niveau de tension militaire (allait) augmenter ».
Le parti social-démocrate au pouvoir en Suède a donné son feu vert dimanche à une candidature à l’Otan peu après que l’exécutif de la Finlande eut annoncé sa volonté d’adhérer à l’organisation occidentale que Moscou considère comme une menace existentielle.
Pour Helsinki et Stockholm, deux pays qui n’avaient jamais rejoint l’Alliance même au pic de la Guerre Froide, ce revirement est le résultat de l’offensive russe contre l’Ukraine, Moscou étant perçue comme une menace par ses voisins.
La Finlande en particulier partage quelque 1.300 km de frontières avec la Russie.
Moscou avait, entre autres motifs, justifié son assaut contre l’Ukraine par son rapprochement avec l’Otan et le soutien politique, diplomatique et militaire de celle-ci à Kiev. Le pouvoir russe voulait ainsi repousser les Occidentaux de ses frontières.
Les pays de l’Alliance fournissent par ailleurs quantité d’armes aux forces ukrainiennes qui combattent l’armée russe depuis bientôt trois mois.
Avec AFP.
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