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Zelensky et Trump, en 2019. © reuters

Flash-back troublant: en 2019 déjà, Trump faisait chanter Zelensky avec l’aide militaire… et la propagande russe

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le rapport conflictuel entre Trump et Zelensky remonte à 2019: à l’époque déjà, le président américain tentait de faire chanter son homologue ukrainien et menaçait de suspendre l’aide militaire. Retour vers le futur…

Comme un air de déjà vu. Dans le documentaire «L’opération Trump: les espions russes à la conquête de l’Amérique» diffusé sur France TV, les agissements de Trump en 2019 -alors à la fin de son premier mandat- avec Zelensky -fraîchement élu- refont surface. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que la dynamique de chantage actuelle de Trump était déjà de mise à l’époque.

Dans le documentaire, John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump (2018-2019), exprime sa stupéfaction lorsqu’il assiste, en 2016, à une conversation qui allait marquer un tournant dans la politique étrangère américaine. Trump, selon Bolton, était alors obsédé par les accusations d’ingérence ukrainienne dans les élections, en faveur de Hillary Clinton (NDLR: non prouvées, contrairement au Russiagate en faveur de Trump). Le républicain était convaincu que le serveur informatique de la candidate démocrate se trouvait en Ukraine.

«Trump a tout simplement tenté de faire chanter Zelensky»

«J’ai été très surpris à l’écoute de cette conversation téléphonique entre Trump et Zelensky, explique John Bolton. Trump entendait toutes ces histoires sur une ingérence ukrainienne en 2016 en faveur d’Hillary Clinton. Il a ensuite décrété que le fameux serveur se trouvait en Ukraine. J’ignore si les Russes avaient un moyen de pression sur lui.»

Un document déclassifié daté du 25 juillet 2019 offre une retranscription éclairante de la conversation entre Trump et le président ukrainien. Cette discussion a révélé une menace claire: Trump conditionnait la poursuite de l’aide militaire américaine à l’Ukraine à la remise du serveur d’Hillary Clinton et à la collecte d’autres informations compromettantes.

John Brennan, l’ancien directeur de la CIA (2013-2017), ne mâche pas ses mots. «Trump a tout simplement tenté de faire chanter le président Zelensky pour qu’il lui fournisse des informations compromettantes sur Joe Biden en vue des élections de 2020.»

Trump a suspendu 400 millions de dollars d’aide à l’Ukraine en 2019

Dont acte. Dans la foulée, Trump suspendait les 400 millions de dollars d’aide militaire alloués par le Congrès américain à l’Ukraine, une aide cruciale face à la menace russe déjà présente dans le Donbass depuis 2014.

Trump cède déjà là à la propagande du Kremlin: la supposée corruption de Joe Biden, -comme l’affaire du serveur- sont, aujourd’hui encore, des inventions russes.

Cette conversation rendue publique ne tarde pas à fonder une crise politique majeure aux Etats-Unis. Elle conduit à la démission de John Bolton et à une menace imminente de destitution envers Trump, perturbant toute sa fin de premier mandat. Face à l’ampleur du scandale, Trump restera inflexible. «Mon appel avec le président de l’Ukraine était parfait. Le reste, c’est de l’intox, comme la chasse aux sorcières russes.»

Extrait de la conversation téléphonique entre Trump et Zelensky, rendue publique en 2019:
Trump: «Bravo pour votre superbe victoire.»
Zelensky: «Vous avez raison, Monsieur le Président, c’est une grande victoire… mais cela a été difficile.»
Trump: «J’aimerais que vous me rendiez un service. (…) J’entends beaucoup parler du fils de Monsieur Biden. Ce serait bien de faire quelque chose avec votre procureur.»

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