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Faux bébés, vrai bonheur ?
Les reborns, ces poupées ressemblant à s’y méprendre à des nouveau-nés, sont voués à différents usages, souvent décriés. Un ultraréalisme qui en dérange certains mais en réconforte d’autres.
Avec des détails saisissants tels que taches de naissance, réseau sanguin, cheveux, pores, larmes, etc., les artistes reborneurs internationaux s’attachent à créer de faux bébés, chacun d’eux étant une pièce unique, façonnée à la main. Le réalisme poussé à l’extrême étant ici le principal leitmotiv, certains reborns sont même équipés de systèmes permettant la respiration ou les battements de coeur. En vinyle ou en silicone, leur prix peut atteindre vingt-deux mille euros. Ils sont destinés aux collectionneurs, à des hommes et des femmes en mal d’enfants, mais aussi aux hôpitaux à des fins didactiques – soulager les personnes atteintes d’Alzheimer, former les élèves en pédiatrie… -, et suscitent tant curiosité bienveillante que mépris. Pourtant, l’abondance de salons, d’ateliers et de boutiques en ligne consacrés à la thématique témoigne d’un engouement exponentiel. Depuis les Etats-Unis, où il est apparu dans les années 1990, le phénomène n’a eu de cesse de s’amplifier et de conquérir la planète. C’est que le reborn, malgré son image médiatique négative, apparaît pour beaucoup comme un remède à la solitude, à la difficulté de communiquer autrement que via les réseaux sociaux et remplace, dans certains cas, les traitements traditionnels. Si, pour certains, ils ont l’apparence de bébés morts, pour d’autres, ils sont synonymes d’amour, d’espoir et de bien-être. Pour ceux-là, les faux bébés procurent du vrai bonheur.
Charlotte Vannier
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