Faut-il être riche pour devenir président des États-Unis ?
Michael Bloomberg fait son entrée dans la campagne démocrate à coups de centaine de millions de dollars. Ce n’est pas Donald Trump qui dira le contraire : l’argent est un élément crucial dans la course à la Maison-Blanche. Déterminant ?
Le milliardaire Michael Bloomberg entre enfin dans la primaire démocrate en participant à son premier débat. Un premier face-à-face avec ses rivaux qui ne s’est pas bien déroulé pour l’ancien maire de New York qui vise un succès en misant sur sa fortune.
De l’argent, et des polémiques
« J’aimerais parler de notre adversaire. Un milliardaire qui traite les femmes de grosses nanas et de lesbiennes à tête de cheval. Et non je ne parle pas de Donald Trump. Je parle de Michael Bloomberg », a lancé la candidate Elizabeth Warren. Elle l’a aussi accusé d’avoir « soutenu des politiques racistes ». Il a également dû se justifier sur des accusations de sexisme émanant d’ex-employées.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Face à ces attaques, reprises par d’autres candidats, Michael Bloomberg a cherché à se présenter en démocrate le plus apte à gagner la présidentielle du 3 novembre. « Qui peut battre Donald Trump? Et qui peut faire le travail s’il arrive à la Maison-Blanche? Je dirais que je suis le candidat qui peut faire ces deux choses », a affirmé le milliardaire. « Les démocrates prennent un énorme risque si on ne fait que remplacer un milliardaire arrogant par un autre », a au contraire lancé Warren.
Une campagne (trop ?) tardive
Ancien républicain devenu indépendant avant de passer démocrate, Michael Bloomberg mise sur la lutte contre le changement climatique, contre les violences par armes à feu et ses propositions censées aider les minorités pour remporter la partie. Neuvième homme le plus riche au monde en 2019 selon Forbes, avec quelque 60 milliards de dollars, Michael Bloomberg se présente en candidat capable de rassembler au centre. Entré très tard en campagne, le patron de l’agence de presse qui porte son nom finance sa candidature à coup de centaines de millions de dollars tirés de ses fonds personnels.
Il a opté pour une stratégie rarissime: faire l’impasse sur les quatre premiers États. Il n’entrera dans la course que lors du Super Tuesday du 3 mars. Et sans s’être encore réellement présenté, il a grimpé jusqu’à la troisième place des sondages nationaux. Ce qui pousse ses rivaux à l’accuser d’avoir « acheté » sa place dans la campagne, ce que certains jugent « immoral ». Il rétorque : « J’ai gagné beaucoup d’argent et je donnerai tout pour améliorer ce pays. »
Une histoire de gros sous
L’argent joue un rôle clé dans chaque élection américaine. Le record d’argent dépensé par les candidats est battu tous les quatre ans. En 2016, la campagne a atteint 6,6 milliards de dollars. Cette présence massive d’argent pose d’ailleurs question. Contrairement à beaucoup de pays européens, il n’y a pas de limite aux dépenses que peut engager un candidat aux États-Unis. Bloomberg, par exemple, s’est dit prêt à dépenser « autant qu’il le faudra pour battre Trump ». La loi américaine interdit à un individu de donner plus de 2.800 dollars à un candidat, mais rien n’empêche un candidat de financer sa propre campagne. Une situation qui tend à favoriser les candidats qui, à l’instar de Donald Trump, ont une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars.
Michael Bloomberg fait valoir qu’en utilisant sa fortune personnelle, il s’affranchit de l’influence décriée des lobbys. Donald Trump avait utilisé le même argument en 2015-2016. Celui qui était alors le premier milliardaire à briguer la Maison-Blanche avait initialement annoncé qu’il financerait lui-même sa campagne et ne devrait donc rien à personne. S’il a sorti 66 millions de dollars de sa poche, il a néanmoins fini par accepter de nombreuses contributions, y compris de gros donateurs.
D’autres sources de financements existent : levées de fonds dans des soirées mondaines, porte-à-porte avec des équipes locales à la recherche de « petits » dons, comités de campagne officiels, argent provenant de lobbys ou think tanks, ou encore d’entreprises sponsors… Ceux qui ne sont pas riches peuvent donc aussi dépenser des millions de dollars, grâce aux « super PACs », des « comités d’action politique » qui peuvent les financer sans limites tant qu’ils ne coordonnent pas leur action avec l’équipe du candidat.
Coût exponentiel
Aussi important soit-il, l’argent n’a cependant jamais suffi à remporter une élection. En 2016, Hillary Clinton a dépensé plus de 600 millions de dollars. Un montant qui ne s’élevait « qu' » à 300 millions pour Donald Trump. L’homme a su profiter de la flambée de sa popularité dans les médias et sur les réseaux sociaux pour faire des économies et conquérir une partie de l’opinion publique.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici