Expulsé du Congo, Thierry Michel dénonce la « crispation du régime »
Thierry Michel a été refoulé de RDC. Une « expulsion politique au moment où commence le procès en appel des assassins de Chebeya », accuse le cinéaste belge.
Thierry Michel évoquera, ce mardi 10 juillet à 11 heures au Parlement européen à Bruxelles, les circonstances de son expulsion du Congo. Mais, dès son retour en Belgique, le cinéaste belge nous a confié, en primeur, ses réflexions sur sa mésaventure de dimanche soir à l’aéroport de Kinshasa. « Mon expulsion de RDC est une décision politique, qui ne respecte pas les règles consulaires en matière de visa », assure l’auteur de « Mobutu roi du Zaïre » et de « Congo River ». Le motif invoqué sur le « procès-verbal de refoulement » indique : « défaut de visa sortie-retour. « Un prétexte », estime Thierry Michel, qui rappelle qu’après plus de vingt années de séjours au Congo et de nombreux films consacré à ce pays, il avait obtenu le statut de résident et était ainsi dispensé de visa de sortie et retour.
A Kinshasa, le cinéaste comptait présenter son dernier film, « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat », consacré au procès des assassins – tous policiers – du célèbre militant congolais des droits de l’homme. La réalisateur comptait projeter son film jeudi et vendredi dans deux paroisses de la capitale, avec l’appui d’un collectif d’associations de défense des droits de l’homme. D’autres projections, privées, prévues au Centre Wallonie-Bruxelles et au centre culturel français, ont été reportées d’au moins une semaine après vision du film par les autorités congolaises.
« J’ai été expulsé à cause de mon film, poursuit Thierry Michel. Ce n’est pas une surprise : j’ai subi des intimidations, des menaces. Les projections prévues d’ici à la fin juillet en province, à Bukavu, Kisangani et Lubumbashi, ont toutes été déprogrammées. Les signaux sont au rouge. Le régime se crispe. Et, par prudence, les diplomates européens opèrent un repli. »
Ces derniers mois, le cinéaste a continué à investiguer dans les coulisses de l’affaire Chebeya. Il a pu recueillir des témoignages sous couvert de l’anonymat, notamment celui d’un des trois policiers en fuite et condamnés à la peine de mort par la Cour militaire de Kinshasa en première instance, en juin 2011. « Ces témoignages éclairent l’organisation de l’assassinat et expliquent comment les trois policiers impliqués ont pu quitter la RDC », raconte Thierry Michel.
La prochaine séance du procès en appel, le 17 juillet, s’annonce cruciale : le tribunal répondra à la demande des plaignants qui veulent voir comparaître comme accusé l’ex-chef de la police congolaise, le général John Numbi, suspect numéro 1 dans l’affaire, selon les avocats des parties civiles.
Olivier Rogeau
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