Malfaçons et rapports alarmants : une catastrophe prévisible. © belgaimage

Rétro 2018 : Gênes brisée par son pont

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Il pleuvait fort, ce matin du 15 août. Soudain, dans un craquement effrayant, une partie du pont Morandi, sur l’autoroute qui relie Gênes et Vintimille, s’effondre sur le quartier en contrebas.

Une trentaine de voitures et de camions plongent dans le vide. Le bilan est très lourd : 43 morts. L’enquête démontrera que c’est bien la structure du pont elle-même qui a lâché : les câbles en acier du pilier 9 étaient atteints. En 1981, l’ingénieur Riccardo Morandi, concepteur de cet ouvrage inauguré en 1967, avait déjà averti que la structure présentait des faiblesses et que sa stabilité n’était plus assurée. En vain.

En 1999, l’Etat italien privatise l’autoroute sans avoir effectué les travaux nécessaires, au profit du groupe Autostrade per l’Italia, contrôlé depuis 2002 et à hauteur de 30% par la famille Benetton. D’autres rapports alarmants tombent en 2015, mais ce n’est qu’en septembre 2017 que le groupe débloque un budget de 25 millions d’euros. Quelques lenteurs administratives plus tard, le chantier de rénovation  » urgent  » est programmé pour le 1er octobre 2018. Six semaines avant la date, le pont s’écroule.

Vingt personnes ont depuis lors été inculpées : onze responsables du groupe Autostrade per l’Italia et neuf fonctionnaires du ministère des Transports. Les premiers devaient entretenir le pont et les seconds, contrôler sa sécurité. Ni l’un ni l’autre n’ont été faits.

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