statue enfant réfugié
© Vluchtelingenwerk Vlaanderen

Plus de 18 000 enfants en fuite ont disparu en Europe

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Plus de 18 000 enfants en fuite ont disparu en Europe entre 2018 et 2020: personne ne sait où ils se trouvent, ni dans quelles circonstances ils ont disparu. Face à ce constat inquiétant, les organisations « Vluchtelingenwerk Vlaanderen » ont installé la statue d’un enfant qui joue symboliquement à cache-cache avec ses amis, place du Luxembourg à Bruxelles. Celle-ci est toujours visible ce dimanche, journée internationale des Droits de l’enfant.

En moyenne, près de 17 mineurs non accompagnés, fuyant des conflits ou des violences, disparaissent chaque jour des radars. « L’incertitude quant au statut de résidence et l’accès limité aux soins et à l’hébergement rendent ces enfants particulièrement vulnérables aux situations dangereuses », signale Vluchtelingenwerk Vlaanderen.

Trafiquants d’êtres humains

Ces enfants risquent de tomber entre les mains de trafiquants de drogue, d’êtres humains ou d’être vendus à l’industrie du sexe. Or, « eux aussi, comme tous les enfants, ont droit à des soins et à un abri sûr pour pouvoir être et rester des enfants », souligne l’ONG.

« Si l’on ne tient pas compte de l’année Covid où les frontières étaient fermées, et où il y a eu beaucoup moins d’entrées que d’habitude, le nombre de mineurs non accompagnés en Belgique tourne autour de 5 000. Très souvent, il s’agit de jeunes qui viennent de pays les plus représentés par les demandeurs de protection internationale: c’est-à-dire l’Afghanistan, la Syrie, et la Palestine. N’oublions pas non plus que depuis le mois de mars il y a environ 2000 jeunes Ukrainiens qui viennent de manière non accompagnée« , explique Tine Claus, directrice de Vluchtelingenwerk Vlaanderen, au Vif.

A cet égard, l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) a admis jeudi que des réfugiés ukrainiens récemment arrivés en Belgique étaient contraints de passer la nuit dans un centre d’accueil pour personnes sans abri situé à la gare de Bruxelles-Midi, faute de places au sein du centre de transit fédéral Ariane à Woluwe-Saint-Lambert.

Plus de 100 enfants obligés de dormir dans la rue

L’association flamande pour les réfugiés estime que la crise de l’accueil en Belgique aggrave encore cette vulnérabilité. Depuis environ un an, l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) n’est en effet pas en mesure d’offrir un logement à tous les demandeurs d’asile, les obligeant à dormir dans la rue. Dans un premier temps, il s’agissait surtout d’hommes seuls. Mais ces dernières semaines, des femmes et des mineurs ont également été contraints de passer la nuit dehors.

« Depuis la mi-octobre, des bébés et des enfants en bas âge dorment dans la rue avec leur famille, tout comme 150 mineurs non accompagnés. Aujourd’hui, donc plus d’un mois plus tard, il y a encore plus de 100 enfants pour lesquels aucune solution n’a été proposée et qui sont toujours obligés de dormir dans la rue« , pointe Vluchtelingenwerk Vlaanderen. « C’est non seulement indigne pour ces enfants, mais surtout, cela compromet la sécurité dont ces mineurs ont si désespérément besoin », dénonce Tine Claus.

« Déjà avant la crise d’accueil, beaucoup de jeunes et d’enfants disparaissaient des radars. Et depuis le 11 octobre, même les mineurs non accompagnés n’ont plus accès au réseau d’accueil. Aujourd’hui, il y a donc davantage de mineurs non accompagnés qui ne sont pas accueillis, alors que les mineurs sont les plus vulnérables« , s’inquiète-t-elle.

L’Office des Étrangers a enregistré en octobre 4.224 demandeurs de protection internationale, soit 5,4% de plus qu’en septembre, a indiqué jeudi le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) sur son site internet. À titre de comparaison, l’Office avait enregistré 2.407 demandes en octobre 2021.

Plus de 100 enfants obligés de dormir dans la rue

Les organisations appellent à soutenir la pétition qui exhorte le gouvernement à prendre ses responsabilités, en fournissant notamment un toit et des soins appropriés à tout un chacun. « Il est inacceptable que la Belgique, un état qui a les moyens, laisse dormir des enfants et des jeunes à la rue. Toute personne qui demande la protection internationale a droit à une place d’accueil. Depuis un an, ce n’est plus toujours possible pour les hommes isolés, ce qui était déjà une défaillance de l’état, et maintenant il y a des enfants. Nous appelons donc le grand public à se faire entendre avec nous auprès du gouvernement fédéral pour créer des places d’accueil à court terme. Il faut au moins respecter les droits de l’enfant et les droits de l’homme », insiste la directrice de l’association.

« Au niveau politique, on prône les tests d’âge pour faire la distinction entre mineurs et adultes, mais dans la réalité, la loi prévoit qu’en cas de doute, la personne est considérée comme mineure jusqu’à preuve du contraire. Peu importe que la personne ait 18 ans ou non, tout le monde a le droit l’accueil. Quand on est seul dans la rue, on est aussi vulnérable à 17 qu’à 18 ans », souligne Tine Claus. Vu la crise actuelle, l’organisation craint que le chiffre de mineurs disparus n’augmente encore. 

Dans le cadre de cette campagne de sensibilisation, l’association, en collaboration avec Caritas International et Child Focus, a installé ce vendredi, place du Luxembourg à Bruxelles, une statue représentant un enfant qui compte contre un mur, comme s’il jouait à cache-cache, sauf qu’il comptera jusqu’à plus de 18.000, « afin d’attirer l’attention sur ce nombre invraisemblable ». La statue sera visible jusqu’à dimanche. (Avec Belga)

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