Pédopornographie: la BBC «choquée» par les aveux de son ex-vedette
L’ancien présentateur de BBC News plaide coupable d’avoir réalisé des images pédopornographiques. La chaîne britannique se dit atterrée.
Huw Edwards, longtemps le journaliste et présentateur le plus célèbre de la BBC, a reconnu mercredi la détention de dizaines d’images pédopornographiques reçues par messagerie, une affaire embarrassante pour l’audiovisuel public britannique qui s’est dit «choqué».
Une peine prononcée ultérieurement
Un an après le scandale qui a provoqué son retrait de l’antenne puis en avril sa démission, Huw Edwards, 62 ans, s’est présenté en costume sombre et lunettes noires au tribunal de Westminster Magistrates à Londres.
Au cours d’une brève audience, celui qui a présenté pendant vingt ans le journal du soir de la BBC a sobrement répondu «coupable» à la lecture par le juge Paul Goldspring des trois chefs d’inculpation de «réalisation d’images indécentes d’enfants» – ce qui peut signifier la détention d’images électroniques.
Il s’agit concrètement de 41 images, certaines concernant un enfant âgé de sept-neuf ans, reçues sur la messagerie WhatsApp entre décembre 2020 et août 2021.
Conséquence de ce plaider-coupable, la peine sera prononcée ultérieurement sans procès. Le journaliste reste en liberté sous contrôle judiciaire en attendant une prochaine audience le 16 septembre.
Il risque dix ans d’emprisonnement, même si le parquet a suggéré à l’audience qu’une peine de prison avec sursis, assortie d’une obligation de traitement, pourrait suffire étant donné ses problèmes psychologiques et les «remords sincères» exprimés.
JO et couronnement
Huw Edwards a longtemps été l’un des présentateurs les plus connus de la BBC et le journaliste le mieux payé, avec un salaire pour l’année 2023/2024 de plus de 475.00 livres sterling (plus de 560.000 euros). Il présentait les soirées électorales et c’est lui qui a annoncé aux Britanniques la mort de la reine Elizabeth II, le 8 septembre 2022. Il a aussi commenté en direct le mariage du prince William et de Kate, l’ouverture des Jeux olympiques en 2012 et, plus récemment, le couronnement de Charles III en mai 2023.
Sa chute est intervenue brutalement l’été dernier, lorsque le tabloïd The Sun a affirmé qu’il avait payé un adolescent en échange de photos à caractère sexuel et avait été suspendu. Aucune poursuite n’avait été lancée. En avril, la BBC a annoncé sa démission, décidée «sur les conseils de ses médecins». Deux mois plus tard, il était inculpé pour de nouvelles accusations, restées secrètes jusqu’à lundi.
Chrétien pratiquant, marié et père de cinq enfants, Huw Edwards était en contact sur WhatsApp avec un homme qui lui envoyait des centaines d’images pornographiques. Cet homme a été identifié par la police comme Alex Williams, un homme de 25 ans condamné en mars à une peine de prison avec sursis pour possession d’images pédopornographiques.
Les images illégales retrouvées, «clairement envoyées avec l’accord de M. Edwards», impliquaient essentiellement des adolescents de treize à quinze ans mais sur certaines figurait un enfant de sept-neuf ans, a précisé le représentant du parquet Ian Hope. Après la réception d’une vidéo en août 2021, le journaliste avait demandé à son interlocuteur de ne plus lui envoyer d’images «illégales».
L’avocat d’Huw Edwards a insisté sur le fait que son client n’avait fait que recevoir ces images, sans les partager, et a souligné qu’il souffrait de «graves problèmes» de santé, ayant révélé en 2021 souffrir de dépression.
La BBC sous le choc
C’est un nouveau coup pour la réputation de la BBC, qui s’est dite «choquée par les détails» révélés à l’audience. Même si elle admis avoir été prévenue dès novembre que le journaliste avait été interrogé pour de «graves délits», elle a assuré qu’elle l’aurait «renvoyé» s’il avait été inculpé pendant qu’il faisait encore partie de ses effectifs.
Elle a souligné que les faits révélés mercredi n’étaient «pas liés» au scandale de l’été dernier, dont sa gestion avait été très critiquée. Une enquête interne a depuis conclu à des insuffisances dans ses procédures pour traiter des plaintes relatives au comportement de ses employés.
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Le géant audiovisuel reste traumatisé par sa gestion de plusieurs scandales à caractère sexuel, en premier lieu l’affaire Jimmy Savile, qui a éclaté en 2012 un an après la mort de cet animateur star, auteur de viols et d’autres agressions sexuelles à l’encontre de mineurs pendant des décennies.