Loi sur la restauration de la nature: les ministres de l’Environnement satisfaits, le monde agricole fulmine
Le Parlement européen a adopté in extremis la loi de restauration de la nature, ce qui lui permet d’entamer les négociations avec les États membres.
Feu vert pour la loi sur la restauration de la nature ! Après avoir repoussé une tentative de la droite et de l’extrême droite de rejeter purement et simplement la proposition de la Commission, les députés ont approuvé, par 338 voix pour, 300 contre et 7 abstentions, un texte largement amendé.
Cette législation proposée mi-2022 par Bruxelles imposerait aux Etats membres des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive pour préserver la biodiversité, dans la lignée de l’accord de la COP15 à Montréal.
Au début de la session de votes, une motion de rejet du texte proposée par les conservateurs du PPE a été écartée à une courte majorité. Les députés se prononçaient dans la foulée sur une série de 136 amendements, avant un nouveau vote sur l’ensemble du projet de loi amendé, dont l‘issue reste très incertaine.
La loi de restauration de la nature, une menace pour l’agriculture?
Comme pour d’autres textes du Pacte vert, les conservateurs disent s’inquiéter de l’impact pour l’agriculture, la pêche ou les énergies renouvelables. En Belgique, le Boerenbond, soutien du milieu agricole, a une nouvelle fois dénoncé la loi sur la restauration de la nature.
S’il faut créer de la nature supplémentaire, ce sera de toute façon au détriment des terres agricoles
Le Boerenbond, syndicat agricole flamand
« S’il faut créer de la nature supplémentaire, ce sera de toute façon au détriment des terres agricoles. La nature est importante, mais la loi sur la restauration de la nature, dans sa forme actuelle, constitue une menace pour l’agriculture et l’horticulture en Europe« , a mis en garde le Boerenbond. Le syndicat parle d’un « bourbier juridique » et d’une « grande incertitude » pour les agriculteurs. Il dénonce « l’absence d’une étude d’impact socio-économique et juridique approfondie« , ce qui fait que « l’impact concret sur l’agriculture et l’horticulture en Flandre et en Europe n’est toujours pas clair ».
« Une excellente nouvelle » pour Greenpeace et les ministres de l’Environnement
La branche européenne de Greenpeace s’est déclarée, elle, satisfaite du résultat du vote. « Alors que l’Europe est accablée par une nouvelle vague de chaleur, il est clair que nous avons besoin de la nature pour survivre à la crise climatique et garantir l’approvisionnement alimentaire ». De son côté, l’ONG WWF rappelle que cette victoire a été « chèrement payée ». « Pour parvenir à un compromis, les député-es européen-nes ont sacrifié de nombreux engagements et objectifs cruciaux » par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne, constate l’ONG.
« La Coalition belge pour la biodiversité exprime son soulagement, mais appelle le Conseil de l’UE et le Parlement européen à défendre un texte fort et ambitieux lors des trilogues à venir », a indiqué Laurence Drèze (WWF-Belgique). Elle dénonce une « campagne de désinformation » menée par le Parti populaire européen (PPE) de Manfred Weber, première formation politique de l’assemblée qui a été contournée par une coalition de gauche et centriste-libérale. « La Belgique a désespérément besoin d’une loi forte sur la restauration de la nature. Environ 95% des habitats naturels de notre pays sont dans un état de conservation défavorable: la Belgique est le plus mauvais élève européen en la matière », souligne WWF.
Les ministres de l’Environnement belges, N-VA comme Ecolo, ont de leur côté affiché leur satisfaction de voir le projet de l’UE de restaurer les écosystèmes naturels poursuivre son chemin au niveau de l’UE. « Le Parlement européen suit notre point de vue : la proposition de la Commission allait trop loin, elle doit être ajustée et elle le sera. Les négociations iront en trilogue (Parlement, Conseil et Commission, NDLR) en vue d’une loi de restauration de la nature qui soit bonne et raisonnable. La Flandre ne laissera pas tomber la restauration de la nature« , a affirmé la ministre flamande Zuhal Demir (N-VA).
Les ministres Ecolo de l’Environnement, Zakia Khattabi (Fédéral), Céline Tellier (Wallonie) et Alain Maron (Bruxelles) ont aussi salué « une excellente nouvelle ». « L’effondrement alarmant de la biodiversité menace aujourd’hui la viabilité de notre planète. On observe une diminution sans précédent des populations d’insectes, d’oiseaux, d’une multitude d’espèces animales et végétales… Le rapport publié fin 2020 par l’Agence Européenne de l’Environnement nous apprend par ailleurs que non seulement la majorité des habitats naturels sont dans un mauvais état de conservation au sein de l’Union européenne, la Belgique se classe à la dernière marche du podium avec moins de 10% des habitats naturels sont considérés comme en bon état de santé », a souligné Mme Khattabi.
- Commission
- Etats
- COP15
- PPE
- Anne Sander
- Agriculture
- Copa-Cogeca
- Parlement
- Greta Thunberg
- AFP
- ID
- ECR
- Yannick Jadot
- Pascal Canfin
- Renew
- commission Environnement
- UE
- Accord de Paris
- Manon Aubry
- GUE
- NGL
- Conseil
- Guy Verhofstadt
- Benoît Lutgen
- SD
- CRE
- Commission Ursula von der Leyen
- MR
- Renew Europe
- Hilde Vautmans
- Alexander De Croo
- CDU
- Open Vld
- Environnement
- La Gauche
- Pascal Arimont
- Engagés
- commission de l'Environnement
- Parlement européen
- La Première
- Verts/ALE
- S&D
- CSU
- Belga
- Von der Leyen
- Manfred Weber
- États