Le livre: Etat de droit sous confinement
Réalisateur du documentaire Un pays qui se tient sage, consacré aux violences policières commises lors de la révolte des gilets jaunes, le journaliste David Dufresne a tenu un journal pendant la période du confinement due à l’épidémie de coronavirus, soit en France du 16 mars au 11 mai derniers.
Logiquement, ses Corona Chroniques (éd. du Détour, 240 p.) sont d’abord une sorte de veille des excès des forces de l’ordre dans le contrôle de l’application des mesures sanitaires: surbrutalité dans les quartiers populaires, recours à un hélicoptère à vision infrarouge, digne de l’antiterrrorisme, pour confondre trois fêtards, amende pour une mamie stationnant devant la fenêtre de la maison de repos où est confiné son mari… Elles mettent aussi en évidence les risques de pérennisation des atteintes à l’Etat de droit que l’état d’urgence sanitaire a autorisées. « Il est plus dur de retrouver une liberté que de défendre celle qui existe », analyse l’auteur. « En France, l’état d’urgence permanent se construit peu à peu, sous nos yeux, pas par putsch, mais par poussées. »
Sans doute David Dufresne peut-il paraître exagérément pessimiste. Mais la gestion de la crise des gilets jaunes par le pouvoir macronien est un précédent qui a de quoi susciter l’inquiétude. Et qui permet d’ironiser: « Les masques manquants, c’est comme les violences policières: ça n’existe pas dans un Etat de droit. » Mâtiné de surcroît de regards poétiques sur Paris confiné, ce journal séduit et interpelle.
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