Jeroen Dijsselbloem. © Belga

La zone euro, gage de « stabilité » face au populisme

Le Vif

L’ancien président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, aux commandes lors de la crise grecque, estime que la zone euro est un gage de « stabilité » face à la montée des partis populistes en Europe.

Pour le Néerlandais, qui a présidé les réunions des ministres des Finances des 19 pays de la zone euro de 2013 à 2018, le succès de l’Union monétaire réside dans sa capacité à résister aux chocs économiques avec beaucoup plus de solidité qu’auparavant.

Pourquoi même les partis les plus eurosceptiques, comme en Italie, souhaitent malgré tout rester dans la zone euro ?

« Tout simplement parce que l’euro et ses institutions sont aujourd’hui une garantie de stabilité, quant certains hommes politiques offrent le contraire. C’est ce que nous avons vu en Grèce: les gens étaient, à juste titre, très mécontents de la récession et ont blâmé l’Europe à tort. Mais quand l’idée d’un Grexit est apparue, la population comme la classe politique ont pris du recul et ont dit: +Quoi qu’il arrive, nous voulons rester dans l’euro+. Cette réflexion est le même pour les électeurs français de Marine Le Pen ou ceux du (député néerlandais d’extrême-droite Geert) Wilders aux Pays-Bas ».

Une nouvelle crise de la dette comme celle de la Grèce, dont la zone euro a eu tant de mal à sortir, pourrait-elle mettre fin à l’Union monétaire ?

« Une crise de cette nature, avec une telle ampleur et un tel impact, ne se reproduira pas. Elle a pour origine une explosion du crédit incroyablement irresponsable. Beaucoup de ces prêts, si facilement accordés, n’ont pas été investis, mais consommés ou utilisés pour gonfler la bulle immobilière. Et tout cela après avoir dérégulé le secteur bancaire, la plus grosse erreur de toutes. La zone euro est maintenant beaucoup mieux préparée, avec de meilleures règles, de meilleures institutions et des fonds que nous pouvons utiliser en temps de crise. Nous sommes vraiment dans une situation très différente. La zone euro a été lente à sortir de la crise, mais elle s’est fortement redressée depuis. La prochaine crise viendra plus probablement des États-Unis, encore une fois, ou de la Chine. Tout ce que nous pouvons faire, c’est être aussi bien préparés que possible. Il y a encore du travail ».

On reproche à la zone euro un manque de transparence dans ses décisions, qu’en pensez-vous ?

« L’Eurogroupe s’est révélé au cours des dix dernières années être l’un des organes de décision les plus efficaces de l’UE. Les ministres prennent leurs décisions à l’unanimité, sans jamais qu’un vote soit nécessaire. La légitimité démocratique est ancrée dans les parlements nationaux. Un lien avec le Parlement européen pourrait être davantage développé. Cependant, le type de mesures, parfois très intrusives, décidées au sein de l’Eurogroupe dans le cadre des programmes d’aide à un pays (par exemple les réformes douloureuses réclamées à la Grèce en échange du soutien européen, ndlr), devraient être soigneusement évitées à l’avenir ».

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