Regain de mobilisation et de violences en France: 457 interpellations, 441 policiers et gendarmes blessés
La mobilisation contre la réforme des retraites est restée très forte en France, une semaine après le passage en force du gouvernement sur ce texte, avec une radicalisation du mouvement qui s’est traduite par une hausse des violences.
Au total, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France, selon le syndicat CGT, et 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait état vendredi de « 457 interpellations » et de « 441 policiers et gendarmes blessés » jeudi en France lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Invité de Cnews, Gérald Darmanin a affirmé en outre qu’il y avait eu « 903 feux de mobiliers urbains ou de poubelles » jeudi à Paris lors de la manifestation intersyndicale. Comme jeudi soir à la préfecture de police de Paris, le ministre de l’Intérieur a souligné la « radicalisation » des manifestants en pointant du doigt la violence de « l’extrême gauche ». « L’extrême gauche veut attaquer la République », a-t-il dit, en estimant qu’il fallait « un message collectif de condamnation ».
Il a dénoncé la violence de « casseurs » issus de « l’extrême gauche ». « 1.500 casseurs » étaient présents à Paris pour « casser du flic et des bâtiments publics », a-t-il affirmé. Beaucoup d’interpellés sont « jeunes », « beaucoup sont connus » comme appartenant à « l’ultra-gauche ».
Paris a enregistré un nombre record de manifestants et la mobilisation est en hausse à l’échelle du pays par rapport à la huitième journée de mobilisation le 15 mars (480.000 manifestants), selon le ministère de l’Intérieur. Les syndicats évoquent un niveau équivalent au record du 7 mars. Les manifestations, grèves et débrayages « sont une réponse » à l' »entêtement incompréhensible » du président, ont souligné les syndicats, en estimant que « la responsabilité de la situation explosive » incombait au gouvernement. La Première ministre Elisabeth Borne a jugé « inacceptables » les « violences et dégradations » dans les manifestations.
A Paris, où la CGT a annoncé 800.000 manifestants et le ministère 119.000, des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège: pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles. La préfecture de police a recensé « environ un millier » d’éléments radicaux dans la capitale, où la situation restait chaotique en soirée, avec des incidents toujours en cours.
A Nantes et Rennes (ouest) aussi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canon à eau. A Lorient, le commissariat a été pris pour cible. Des tensions plus ou moins fortes ont également été observées dans d’autres villes comme Toulouse, Bordeaux (sud-ouest) ou Lille (nord).
Jeudi, les transports ferroviaires et le métro parisien ont été très perturbés. L’approvisionnement en kérosène de la région parisienne et de ses aéroports par la Normandie (ouest) « devient critique » en raison des grèves dans les raffineries, a indiqué à l’AFP le ministère de la Transition énergétique. Le gouvernement a déjà « pris un arrêté de réquisition » à l’égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, mise à l’arrêt le week-end dernier et où les expéditions de carburants sont bloquées. Et plus symboliquement, pour les touristes, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou encore le château de Versailles sont restés fermés.