Réforme des retraites : les forces de police procèdent à des arrestations de manifestants
La Première ministre Elisabeth Borne et son gouvernement ont activé l’article 49.3 de la Constitution. Objectif : adopter la réforme des retraites sans passer par un vote à l’Assemblée nationale. Dans la foulée, l’opposition a annoncé qu’elle allait déposer plusieurs motions de censure à l’encontre du gouvernement.
Quelques milliers de personnes manifestaient jeudi place de la Concorde à Paris pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l’article 49.3, et des rassemblements avaient lieu dans d’autres villes de France, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les forces de l’ordre sont intervenues jeudi en début de soirée sur la place de la Concorde, au coeur de Paris, où des milliers de manifestants se sont massés pour protester contre la réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon la préfecture de police de la capitale (PP), les forces de l’ordre sont entrées en action, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l’Obélisque, au centre de la place. Ces interventions ont provoqué d’importants mouvements de foule sur la place, selon les journalistes de l’AFP.
L’exécutif a activé l’article 49.3
Le Conseil des ministres, convoqué en urgence, a décidé en quelques minutes d’autoriser le gouvernement français à engager sa responsabilité devant l’Assemblée nationale. Objectif : faire adopter la réforme des retraites sans vote, après le choix d’Emmanuel Macron de recourir à l’outil controversé du 49.3. La Première ministre Elisabeth Borne a demandé au président de pouvoir engager la responsabilité de son gouvernement sur le texte issu de la commission mixte paritaire » qui a réuni mercredi des députés et des sénateurs, a déclaré à l’AFP la présidence de la République.
La NUPES et le RN vont déposer des motions de censure
Le débat à l’Assemblée nationale a commencé dans la foulée, sous les huées et au son de La Marseillaise entonnée par des députés de la NUPES. Le chef du parti socialise, Olivier Faure, a immédiatement dénoncé les « caprices » du président après l’annonce. Après une suspension de deux minutes, la Première ministre Elisabeth Borne a pu prendre la parole, toujours sous les huées.
Marine Le Pen a annoncé qu’elle déposerait une motion de censure contre le gouvernement, en considérant que la Première ministre « ne peut pas rester » à Matignon. « C’est un constat d’échec total » pour Emmanuel Macron, a ajouté la présidente du groupe d’extrême-droite Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, en estimant que la situation est celle d’une « crise politique ».
Selon Le Monde, la cheffe de file des députés La France insoumise (LFI), a fait une annonce comparable, a motif qu’il n’existe « aucune légitimité pour ce texte de loi », voyant « un basculement autoritaire » dans ce nouveau recours par le gouvernement au 49.3.
Quant au parti de droite Les Républicains (LR), il ne votera aucune motion de censure. « Nous ne nous associerons à aucune motion de censure et ne voterons aucune motion de censure », a prévenu jeudi Eric Ciotti, président du parti Les Républicains.
Le recours au 49.3 s’est joué « à quelques voix près »
Quatre réunions se sont tenues en moins de 24 heures à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron pour décider si le gouvernement engageait le 49.3 ou laissait ce texte soumis à un vote. L’incertitude planant « à quelques voix près », le recours à l’article a été privilégié. « Un vote aura bien lieu » cependant, a déclaré la cheffe du gouvernement devant l’Assemblée nationale, anticipant le dépôt d’une motion de censure. « Dans quelques jours, je n’en doute pas, à l’engagement de la responsabilité du gouvernement, répondront une ou plusieurs motions de censure. Un vote aura donc bien lieu, comme il se doit. Et c’est donc la démocratie parlementaire qui aura le dernier mot », a-t-elle développé.