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Premier jour du gouvernement Barnier, déjà sous le feu de ses nombreux opposants

A peine né pour tenter de clore une longue crise politique en France, le gouvernement de Michel Barnier, attelage fragile entre les macronistes et la droite, est déjà sous le feu des critiques de la gauche et de l’extrême droite, qui tiennent sa survie entre leurs mains.

Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres sont attendus lundi, avec les passations de pouvoir puis un conseil des ministres autour du chef de l’Etat.

Le gouvernement annoncé officiellement samedi soir fait la part belle au parti du président, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), pourtant sortis en net recul des élections législatives provoquées par la dissolution controversée de l’Assemblée nationale par le président Macron, suite au scrutin européen.

Le gouvernement Barnier devra réussir à s’imposer face à une Assemblée fragmentée en trois blocs irréconciliables: la gauche, arrivée première aux élections en juillet, mais absente du gouvernement, le centre droit macroniste et l’extrême droite, en position d’arbitre.

La gauche a déjà promis la censure du nouvel exécutif. Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a appelé à se « débarrasser aussitôt que possible » de ce « gouvernement des perdants », qui n’a selon lui « ni légitimité ni futur ».

« Concorde »

« Les Français n’attendent qu’une chose des responsables publics: des résultats. Je suis donc là pour agir, avec un seul mot d’ordre: rétablir l’ordre pour assurer la concorde », a affirmé sur le réseau social X le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau (LR), dont le profil conservateur sur les sujets de société et très ferme sur l’immigration a cristallisé les critiques à gauche mais aussi au sein du camp présidentiel.

Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, le jeune macroniste Antoine Armand, a lui estimé dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) qu’exclure « d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable » vu l’état des finances publiques. Il a aussi promis de « baisser la dépense publique ». L’élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l’urgence numéro un dans un contexte très tendu. Le Premier ministre a affirmé mercredi avoir découvert une « situation budgétaire très grave ». La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l’UE, l’objet d’une procédure européenne pour déficits excessifs. Signe de l’importance de ce dossier, M. Barnier a voulu garder un oeil sur ce dossier explosif en mettant sous sa tutelle directe le ministre macroniste des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.

« Gouvernement réactionnaire »

Parmi les autres nommés, le centriste Jean-Noël Barrot, ancien ministre chargé de l’Europe, dirigera la diplomatie française. Seule « prise » venue de la gauche, alors qu’Emmanuel Macron prônait un gouvernement de « rassemblement » et que Michel Barnier s’est évertué à attirer des sociaux-démocrates: Didier Migaud à la Justice. Mais l’ex-député socialiste a quitté la politique active depuis 2010.

L’attelage marqué à droite est d’emblée marqué par les tensions entre le Premier ministre et le camp présidentiel, qui gouvernait sans partage depuis sept ans. En cause, une équipe jugée trop droitière par le parti du centre MoDem et une partie du camp présidentiel, et dont le programme reste flou en attendant la déclaration de politique générale prévue le 1er octobre.

A gauche, cet exécutif a été dénoncé comme « un gouvernement réactionnaire en forme de bras d’honneur à la démocratie » par le patron des socialistes, Olivier Faure, qui a donné « rendez-vous pour le débat de censure » à l’Assemblée. L’ONG environnementale Greenpeace a estimé de son côté que le gouvernement Barnier semblait « déjà enfermé dans les logiques dépassées de l’ancien monde » face à l’urgence climatique.

Quant au président du parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, qui détient à l’Assemblée la clé de la survie de la nouvelle équipe, il a taclé un gouvernement qui « n’a aucun avenir », tandis que la cheffe des députés, RN Marine Le Pen fustigeait un exécutif « éloigné du désir de changement et d’alternance » exprimé lors des législatives cet été.

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