Mort du jeune Nahel: une cinquantaine d’arrestations administratives « préventives » à Bruxelles vendredi soir
La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles a procédé à une cinquantaine d’arrestations administratives vendredi après-midi et en soirée, dans le cadre d’une opération visant à empêcher des émeutes à la suite d’appels à se rassembler dans le centre-ville. Ces appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour protester contre la mort en France d’un adolescent, tué par un policier.
Des jeunes se sont rassemblés vendredi après-midi en divers endroits, selon la police, notamment place de la Monnaie, aux alentours du boulevard Maurice Lemonnier et dans le quartier Anneessens. La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles est sur le qui-vive, après de premiers rassemblements de jeunes jeudi soir, qui ont tourné à la confrontation avec les forces de l’ordre. « Nous fonctionnons avec une unité de commandement », a expliqué vendredi soir la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles, Ilse Van de Keere. «
La coordination est assurée par le chef de corps. Tous les partenaires concernés sont présents au centre de crise régional« . Vendredi en début de soirée, une cinquantaine de personnes ont déjà été arrêtées administrativement. « Il s’agit d’arrestations préventives de personnes en possession de matériel, dont on peut supposer qu’il était destiné à commettre des dégradations », a déclaré Ilse Van de Keere.
Des incidents jeudi soir
Des appels à se rassembler jeudi, place Anneessens à Bruxelles, et à affronter la police avaient été lancés sur les réseaux sociaux pour protester contre la mort de l’adolescent. « Nous étions préparés à cela et avons pu envoyer rapidement des équipes sur les lieux », a déclaré la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles. « Dès que nous avons vu que des jeunes étaient présents, nous nous sommes alignés, ce qui a conduit à l’interpellation rapide d’un grand nombre de personnes. »
Les incidents ont eu lieu dans et autour du quartier de la place Anneessens et de celui de la gare Bruxelles-Midi. Par ailleurs, plusieurs foyers d’incendie ont été identifiés, notamment rue d’Artois à Bruxelles et place de la Constitution à Saint-Gilles. Les pompiers se sont rendus sur place et ont pu les éteindre rapidement, dont celui d’une voiture.
La circulation des bus et des trams a en outre été adaptée sur ordre de police, par mesure de sécurité, indique de son côté la Stib. « Je regrette et condamne toute volonté d’importer dans les quartiers de notre capitale les actes de violence urbaine qui sévissent dans plusieurs villes françaises », a pour sa part réagi le bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf, sur Twitter, remerciant les forces de police et les pompiers « qui ont, ce soir, rapidement restauré l’ordre public. »
En France, les autorités françaises redoutaient jeudi une « généralisation » des violences nocturnes après la mort mardi en région parisienne de Nahel, 17 ans, tué par un policier qui a été inculpé pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
64 personnes interpellées
Au total, 64 personnes ont été interpellées lors des incidents qui ont eu lieu à Bruxelles dans la nuit de jeudi à vendredi, à la suite de la mort de Nahel, 17 ans, en France. Une personne mineure a été arrêtée judiciairement pour des faits de coups et blessures envers un inspecteur de police, et 47 mineurs et 16 adultes ont été arrêtés administrativement, a indiqué vendredi matin la police locale de Bruxelles.
L’adolescent arrêté judiciairement a été relaxé vendredi matin après audition. Au cours de la journée de jeudi, des appels au rassemblement ont circulé sur les réseaux sociaux en réaction à la mort de Nahel, 17 ans.
Selon De Croo, la police belge a tenu son rôle
La police bruxelloise a tenu son rôle jeudi soir face aux échauffourées qui ont mené à l’interpellation de 64 personnes dans la capitale belge, à la suite de la mort d’un jeune de 17 ans, en France, a affirmé le Premier ministre Alexander De Croo au micro de la VRT, à son arrivée à la deuxième journée du sommet européen de Bruxelles.
« La police bruxelloise a tenu son rôle pour veiller à ce que la situation reste sous contrôle et éviter toute escalade. Ce qu’il se passe en France n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans notre pays. Ce genre d’échauffourées, nous ne pouvons absolument pas l’accepter », a commenté le chef du gouvernement fédéral. De son côté, le président français Emmanuel Macron a quitté vendredi matin le sommet de Bruxelles avant sa fin et, fait très rare, annulé sa conférence de presse finale pour rentrer à Paris présider une réunion de crise sur les émeutes en France, après trois nuits consécutives de violences urbaines.
Scènes de pillages, saccages, incendies à Paris et sa banlieue
Pillages, incendies, tirs de mortiers d’artifice, Paris et sa banlieue ont été en proie jeudi à une nouvelle nuit de violences après la mort mardi à Nanterre de Nahel, tué par un policier.
En Seine-Saint-Denis, « quasiment toutes les communes » ont été impactées, a constaté dépitée une source policière à l’AFP.
De nombreux supermarchés ont été pillés notamment à Montreuil et Epinay-sur-Seine. A Drancy, des émeutiers ont utilisé un camion pour forcer l’entrée d’un centre commercial qui a été en partie pillé et incendié, indique une source policière.
A Pantin, une vingtaine de jeunes habillés en noir, munis de mortiers d’artifice ont tiré en l’air ou en direction de la police, a constaté un journaliste de l’AFP. Un début d’incendie s’est déclaré à la mairie de Clichy-sous-Bois.
Treize bus du dépôt de la RATP d’Aubervilliers ont été incendiés. « La protection des bâtiments publics a été la priorité », a admis cette source.
A Paris, au moins deux boutiques du centre-ville, dont l’une aux Halles, ont été vandalisées. Quatorze personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police de Paris (PP), dont certaines gares du Nord avec des objets volés.
Rue de Rivoli, une artère du centre de la capitale, 16 personnes ont été interpellées avec des sacs, des chaussures et des vêtements dérobés dans un magasin. A 2h30 vendredi, la préfecture de police a fait état de 61 interpellations uniquement dans la capitale.
En Seine-et-Marne, peu après 2h00, les forces de l’ordre étaient « très sollicitées » et ont pu « contenir les tentatives d’intrusion aux commissariats de Meaux, Villeparisis, grâce aux renforts », a assuré une source sur le terrain. Le centre social de Nemours a été détruit ainsi qu’une partie d’une école à Moissy-Cramayel.
« Les incidents ont lieu partout en France mais la situation en Ile-de-France et à Paris était extrêmement tendue, avec des forces de l’ordre ne pouvant pas tout maîtriser compte-tenu de la multiplicité des incidents », a soufflé une source policière de haut rang.
Une source du gouvernement a assuré pour sa part que les violences avaient été moindres qu’attendues, hormis à Nanterre. Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a insisté sur les « interpellations record » effectuées dans un contexte de violences urbaines où les interpellations sont difficiles à réaliser.
La cité Pablo Picasso à Nanterre, dont Nahel était originaire, a connu une troisième nuit de violences soutenues avec des voitures incendiées, des tirs de mortiers d’artifice et de grenades artisanales, a constaté une journaliste de l’AFP. Une agence bancaire du Crédit mutuel a été incendiée. A 3h00, le bilan de la soirée s’élevait à 245 interpellations à Paris et dans sa petite couronne, selon la préfecture de police.