« Le temps est à l’apaisement »: rassemblements de soutien devant les mairies en France
Les maires de France ont appelé population et élus à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies invoquant « une mobilisation civique » après la violente attaque contre le domicile d’un maire de la région parisienne qui a suscité une vague d’indignation à travers le pays.
Des rassemblements ont eu lieu lundi à la mi-journée devant les mairies de France en soutien au maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) visé par une agression à la voiture-bélier, notamment à Nanterre où la mort du jeune Nahel, tué par un policier, a suscité des émeutes dans tout le pays.
« Depuis mardi, les nuits ont été difficiles pour les habitants (…) Les violences qui se sont succédé sont inacceptables », a déclaré le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) devant une centaine d’habitants et d’employés de la mairie.
« Le temps est à l’apaisement », a insisté l’édile, soulignant qu’il fallait « rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère », qu’il « remercie profondément ». Après cinq nuit de heurts entre jeunes et forces de l’ordre, de destructions de voitures ou de bâtiments publics et de pillages de commerces sur tout le territoire, la grand-mère de Nahel a lancé dimanche un appel au calme aux émeutiers.
« Nous ne perdons pas de vue le point de départ de cette situation, cette exigence de justice qui continue d’exister », a poursuivi le maire de Nanterre devant la presse.
« Nous continuerons d’agir au quotidien pour que dans nos villes, dans nos quartiers, les habitants puissent bénéficier des services publics dont ils ont besoin (…) Nous continuerons d’agir pour plus de justice sociale« , a-t-il martelé.
A Saint-Denis, une trentaine d’élus (maires, députés, le président du département, Stéphane Troussel, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse) et près de 200 personnes ont assisté à la cérémonie, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, avait appelé dimanche à une « mobilisation civique » devant toutes les mairies du pays pour dénoncer les violences contre les élus et le « retour à l’ordre républicain ».
3.200 interpellés, les deux tiers inconnus de la police
Quelque 3.200 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre françaises entre mardi et dimanche, en cinq nuits d’émeutes consécutives, dont 60% n’étaient pas connues de la police, a indiqué lundi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
« 60% » de ces 3.200 personnes « n’ont aucun antécédent judiciaire, ne sont pas connus des services de police » et « n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle« , a dit le ministre lors d’un déplacement à Reims dans le nord-est de la France.
La moyenne d’âge des personnes interpellées est de « 17 ans, avec parfois des enfants, il n’y a pas d’autre mot, de 12-13 ans, qui étaient des pyromanes ou qui ont attaqué les forces de l’ordre ou qui ont attaqué des élus », a-t-il également souligné.
Il a insisté sur « la responsabilité des parents, de la famille » dans la surveillance de ces jeunes, « parce que ce n’est pas à la police nationale ou à la gendarmerie ou au maire ou même à l’Etat de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école ».
Le ministre dit avoir constaté, à l’issue d’une nuit de dimanche à lundi où aucun incident majeur n’a été signalé, que « l’ordre » était « en train d’être rétabli », « grâce à une fermeté qui a été affichée ».
Mais « les policiers et les gendarmes, à la demande du président de la République, continueront à être extrêmement mobilisés dans les prochaines nuits », a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs annoncé avoir débloqué 20 millions d’euros pour remettre en place « dès la fin de l’été » les « caméras de vidéoprotection » cassées lors des émeutes. « L’argent de l’Etat est à la disposition des maires de France », a-t-il dit.
En cinq nuits d’émeutes jusqu’à dimanche matin, le ministère a comptabilisé quelque 5.000 véhicules incendiés, 10.000 feux de poubelles, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries et plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés.