Emmanuel Macron

Législatives françaises: le succès du Rassemblement national, l’échec d’Emmanuel Macron

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint
Pour le président du Rassemblement national Jordan Bardella, l’alternance n’a pas encore commencé. © GETTY IMAGES

France

La liste de Jordan Bardella raterait la majorité absolue, selon les projections en sièges. Le Nouveau Front populaire réalise un bon score. Il n’y a pas eu de sursaut de la part de la macronie.

Par Gérald Papy

Tous les indices le prédisaient après la large victoire du Rassemblement national aux élections européennes du 9 juin: l’extrême droite est arrivée en tête du premier tour des élections législatives, un scrutin anticipé en raison de la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale et de provoquer «un choc de clarification» dans le pays. La liste de Jordan Bardella l’emporte avec quelque 34% des suffrages (estimations Ifop-TF1-LCI et Ipsos-France 2). Elle double quasiment son résultat des législatives de 2022 (18,68% au premier tour). Le Nouveau Front populaire, l’alliance de gauche constituée cinq jours après l’annonce de la dissolution, se retrouve en deuxième position avec entre 28,1% (estimations Ipsos-France2) et 29,1% (estimations Ifop-TF1-LCI) des voix. Il progresse sensiblement par rapport à son résultat des législatives de 2022 où son «ancêtre», la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), avait emporté 25,66% des suffrages au premier tour. La liste de la macronie, Ensemble pour la République, est la seule coalition des trois forces majeures de la scène politique hexagonale reconfigurée qui recule par rapport au scrutin de 2022: elle obtient entre 20,3% et 21,5% des voix pour 25,75% il y a deux ans.

Les projections en sièges sur la base des résultats du premier tour octroyent entre 230 et 280 élus au Rassemblement national, soit, dans l’étiage le plus élevé, moins que la majorité absolue de 289 sièges. Le Nouveau Front populaire récolterait entre 125 et 200 sièges, selon les estimations. L’ex-majorité présidentielle, telle que l’on peut d’ores et déjà l’appeler, obtiendrait entre 70 et 100 élus, loin des 245 de l’assemblée sortante. C’est donc à un véritable suicide politique qu’Emmanuel Macron s’est prêté en prenant la décision, le 9 juin, de cette dissolution-surprise.

Pari perdu

Le président français a perdu dès ce 30 juin son pari. Sur deux points au moins. Dans son allocution du 9 juin, le président français disait sa «confiance en la France qui, face à la rudesse des temps, sait toujours s’unir et résister pour dessiner l’avenir et non se replier ou céder à toutes les démagogies». «Toutes les démagogies»: dans son entendement, cela correspondait aux programmes et promesses du Rassemblement national à l’extrême droite, et de La France insoumise, fondus et édulcorés dans le projet du Nouveau Front populaire. Ces deux forces ont progressé dans les suffrages des électeurs.

«La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénite et la concorde», exhortait aussi Emmanuel Macron le 9 juin. Même sans préjuger de ce que seront ceux du deuxième tour, les résultats du premier ce 30 juillet préfigurent une France écartelée principalement entre l’extrême droite et la gauche unie sans perspective assurée et claire de majorité absolue, malgré les exhortations lancées dimanche soir à la fois par Marien Le Pen et par Jean-Luc Mélenchon. Le président français a toutefois appelé dimanche à «un large rassemblement clairement démocrate et républicain» face au Rassemblement national. Un sursaut pour une réelle clarification vis-à-vis de l’extrême droite?

«C’est à un véritable suicide politique qu’Emmanuel Macron s’est prêté en prenant la décision, le 9 juin, de cette dissolution-surprise.»

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