Législatives en France : entre alliances et dissidences, les listes sont complètes et le pays entre en campagne
Une semaine après la décision choc du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, la France va entrer officiellement lundi en campagne pour des législatives anticipées, sur la base d’une liste de candidats désormais définitive et d’alliances nouées à la hâte.
Pris de court dimanche dernier, les partis avaient jusqu’à ce dimanche 18H00 (1600 GMT) pour investir leurs candidats dans les 577 circonscriptions.
Le scrutin, dont le Rassemblement national (extrême droite) est favori après son score de 31,4% aux européennes, est prévu les 30 juin et 7 juillet. La crainte d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite a fait descendre 250.000 personnes dans la rue samedi (640.000 selon le syndicat CGT) et jeté la classe politique dans d’intenses tractations.
Dimanche soir, le capitaine de l’équipe de France de football Kylian Mbappé a déclaré qu’il était « contre les extrêmes, les idées qui divisent ». Sans prendre ouvertement position, il a appelé la jeunesse à voter.
« On voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir, on a l’opportunité de choisir l’avenir de notre pays », a enjoint l’attaquant des Bleus.
LR et RN ?
Après une semaine de confusion, la liste des candidats devrait permettre aux électeurs d’y voir clair à droite, et de savoir notamment qui chez les Républicains (LR, droite) rallient la majorité présidentielle ou le RN.
Le dirigeant du RN Jordan Bardella, 28 ans, jugé trop jeune et « sans expérience » pour le poste de Premier ministre par l’ancien président Nicolas Sarkozy, a annoncé qu’il y aurait « un candidat commun » avec la droite « dans 70 circonscriptions ».
Il a par ailleurs confirmé dimanche sa volonté de privatiser « à terme » l’audiovisuel public en cas de victoire. Marie-Caroline Le Pen, soeur de la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, a annoncé dimanche sa candidature.
Du côté de LR, après une semaine chaotique marquée par le choix solitaire de son président Eric Ciotti de s’allier avec le RN, le parti tente tant bien que mal de maintenir une ligne indépendante de l’exécutif comme de l’extrême droite. A Nice, les LR ont investi un candidat contre Eric Ciotti.
Front populaire
A gauche, l’offre est déjà connue. Une alliance a réussi à se monter en quelques jours, sous la bannière du Nouveau Front populaire, allant de micro-partis anticapitalistes à l’ancien président de la République social-démocrate François Hollande.
Cette coalition, qui a réussi s’accorder sur un programme commun malgré des divergences de fond, a reçu dimanche le soutien de l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin (1997-2002). Elle est la seule « digue » capable de contenir le RN, a-t-il dit.
Cette alliance doit encore convaincre qu’il peut résister à l’hétérogénéité de ses composantes et aux crises menaçant déjà son unité. Le dirigeant de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, candidat malheureux trois fois à la présidentielle et figure repoussoir pour certains électeurs, même à gauche, a donné des gages dimanche en semblant se mettre en retrait. « Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas », a-t-il dit.
La coalition de gauche a été secouée par la volonté de LFI d’investir un proche de M. Mélenchon, le député sortant Adrien Quatennens, malgré une condamnation en 2022 pour violences conjugales. Sous la pression, M. Quatennens a finalement renoncé dimanche à sa candidature.
Pouvoir d’achat
Dans le camp d’Emmanuel Macron, sonné par la dissolution et affaibli dans les sondages après son score de seulement 13,8% aux européennes, l’heure est à la remobilisation.
Sur le pouvoir d’achat, premier thème mis en avant par les Français, le Premier ministre Gabriel Attal a promis samedi des mesures en cas de victoire : une baisse des factures d’électricité de 15% « dès l’hiver prochain » ou une hausse du montant de la prime défiscalisée dite « Macron », que les entreprises peuvent verser à leurs salariés.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a en revanche rejeté la hausse du salaire minium mensuel à 1.600 euros net proposée par la gauche et qui provoquerait selon lui « un chômage de masse ».
Selon un sondage Elabe pour la chaîne BFMTV et le quotidien La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l’alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.