L’ascension fulgurante de Jean-Noël Barrot, nouveau chef de la diplomatie française
Du Numérique à ministre délégué de l’Europe, puis président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, Jean-Noël Barrot, 41 ans, nouveau chef de la diplomatie, connaît une ascension fulgurante, mais il va devoir faire ses preuves pour faire résonner la voix de la France dans le monde.
Après dix-huit mois seulement dans ses précédentes fonctions, il est arrivé en février dernier au ministère des Affaires étrangères à la faveur d’un remaniement du gouvernement, pour remplacer Laurence Boone. Il obtient au passage le titre de ministre délégué là où sa prédécesseure n’était que secrétaire d’Etat. Fils de l’ancien ministre et commissaire européen Jacques Barrot, il a reçu en héritage d’être « un Européen convaincu ». Si certains diplomates estiment qu’il « vit sur la réputation de son père », d’autres concèdent qu’il a su imprimer discrètement sa marque notamment au moment de la campagne des élections européennes, au printemps dernier.
Au numérique, un de ses principaux chantiers avait été la protection de l’enfance sur internet, avec la proposition de bloquer les sites pornographiques pour les mineurs et de mieux lutter contre le cyberharcèlement. Au ministère des Affaires étrangères, il a notamment oeuvré pour informer le grand public sur les potentielles influences étrangères (notamment russes) pendant la campagne européenne.
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« Il a fait le job sur les questions européennes » même s’il est « un peu jeune », résume sobrement un diplomate français. Il « va devoir travailler beaucoup de dossiers en un temps record », poursuit-il. Et « s’imposer », car « c’est un poids plume dans la jungle des relations internationales ». Par le passé, il avait su manier le rapport de forces dans son combat contre les tout-puissants réseaux sociaux.
Il avait ainsi évoqué l’éventualité de bannir Twitter (devenu X) si ce dernier ne respectait pas les règles de modération qui étaient mises en oeuvre au sein de l’Union européenne. Durant les émeutes de 2023, il avait fait retirer aux plateformes Twitter et TikTok des dizaines de contenus appelant à la violence. Jeudi matin, quelques heures avant que son nom émerge comme possible chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot réaffirmait sur Public Sénat le soutien de son parti centriste (MoDem) au nouveau Premier ministre. « Nous ferons tout pour que Michel Barnier puisse réussir », avait-il assuré.
Baptême du feu à l’ONU ?
Diplômé de HEC, où il a ensuite enseigné, ainsi qu’au prestigieux MIT à Boston (Etats-Unis), l’économiste au crâne rasé et aux yeux d’un bleu perçant s’était fait élire député des Yvelines en 2017 sous l’étiquette MoDem, parti dont il est devenu vice-président. Son premier déplacement en tant que ministre délégué chargé de l’Europe l’avait amené à Berlin et à la conférence de sécurité de Munich. Le nouveau chef de la diplomatie devra plonger, dès lundi, dans les méandres de la diplomatie mondiale. Premier déplacement en vue dès la semaine prochaine: New York, pour l’Assemblée générale des Nations Unies. Un baptême du feu. Guerre à Gaza, tensions extrêmes entre Israël et le Liban, guerre au Soudan, guerre en Ukraine, crise en Haïti, tensions avec l’Iran sur le nucléaire, les dossiers brûlants ne manquent pas. Après Catherine Colonna à qui l’Elysée reprochait de ne pas être assez politique et Stéphane Séjourné qui n’a pas su imprimer sa marque, Jean-Noël Barrot sera attendu au tournant.
Au Quai, les diplomates espèrent, eux, qu’avec ce nouveau ministre va s’ouvrir une période de stabilité après des mois de crise de politique intérieure qui a éloigné la France de la scène internationale. Au plan européen, Jean-Noël Barrot aura sans doute à coeur d’oeuvrer à une meilleure coopération franco-allemande qu’il considère comme le noyau d’une Europe forte et souveraine. En marge des Jeux olympiques, il avait rencontré la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.