Jeux olympiques: pourquoi la menace terroriste est si grande
Le contexte qui entoure la tenue des Jeux est anxiogène. Les autorités ont multiplié les mesures de prévention. Mais un attentat est si vite arrivé…
Il est difficile d’imaginer un contexte plus délétère que celui qui préside à la tenue des Jeux olympiques de Paris, qui se tiennent jusqu’au 11 août, et au déroulement de la cérémonie d’ouverture ce vendredi 26 juillet en plein air sur la Seine et ses rives.
Il y a presque deux ans et demi que la Russie a envahi massivement l’Ukraine. Et il ne déplairait pas à Vladimir Poutine que l’olympiade française connaisse quelques ratés de nature à affaiblir encore le président Emmanuel Macron qui a imaginé un jour d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien pour combattre la «vaillante armée russe». La guerre menée par Tsahal à Gaza après le massacre du 7 octobre dernier en Israël par le Hamas continue de charrier son lot d’horreurs. Et toute délégation de l’Etat hébreu est plus encore que d’habitude une cible potentielle pour des partisans de la violence et de la vengeance. Qui plus est dans un pays où le débat sur la responsabilité des uns et des autres n’a pas été mené dans une grande sérénité. L’Hexagone reste un théâtre d’action traditionnel de la mouvance islamiste armée, hors répercussion du conflit au Proche-Orient. Les intentions prêtées à l’Etat islamique au Khorasan, commanditaire de l’attentat contre le Crocus City Hall de Moscou le 22 mars 2024, d’étendre son champ d’action à la France en témoignent. Le climat même du débat politique français après la dissolution de l’Assemblée nationale, des élections législatives sans véritable vainqueur et une brutalisation générale du discours, n’incline pas davantage à la quiétude. Alors, se pourrait-il malgré tout que les Jeux olympiques se passent sans accroc?
Oui, si l’on se fie à l’expertise de la France en matière de lutte antiterroriste et au professionnalisme des organisateurs de grands événements dans le pays. Il n’empêche que le maintien de la cérémonie d’ouverture à ciel ouvert inspire quelques craintes au même titre que la tenue des compétitions en plusieurs lieux. Mais pour illustrer, entre autres exemples, l’importance du dispositif de sécurité mis en place, il importe d’expliquer que le ciel ouvert ne le sera pas tant que ça le 26 juillet. Dans un rayon de 150 kilomètres autour de Paris, il sera en réalité fermé à tout aéronef, les activités des aéroports parisiens étant suspendues le temps de la cérémonie inaugurale. Des mesures particulières ont également été prises pour repérer et stopper la moindre activité au moyen de ces engins devenus des armes de guerre que sont les drones.
La France sera l’espace de deux semaines un Etat policier.
Au sol, ce sont 45.000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés le premier jour des Jeux, 30.000 en moyenne les autres jours. S’ajouteront à ceux-ci 18.000 militaires de l’opération Sentinelle de prévention contre le terrorisme et 20.000 agents de sécurité. La France sera l’espace de deux semaines un Etat policier, hypersécurisé et sans doute moins convivial que d’habitude. Tel est le prix, lourd, de la réussite des J.O. L’ampleur du défi s’illustre par quelques autres chiffres: jusqu’à un million d’enquêtes administratives ont été menées, notamment auprès du personnel employé, et quelque 4.340 profils suspects ont été écartés. Tout risque ne sera pourtant pas levé. La peur la plus grande se situe en définitive dans le geste d’un individu isolé ayant échappé aux radars de l’antiterrorisme.
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