Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté à Paris, ce 1er mai.

Manifestations en France: 540 interpellations et 406 policiers blessés, des affrontements violents à Paris

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé aux quatre coins de l’Hexagone pour protester contre la réforme des retraites. Des affrontements ont éclaté à Paris, mais également à Nantes et Lyon.

Au moins 406 policiers et gendarmes ont été blessés lundi en France, dont 259 à Paris, lors des manifestations du 1er mai, a indiqué Gérald Darmanin, ajoutant que 540 personnes avaient été interpellées dans le pays, dont 305 dans la capitale.

Un tel nombre de forces de l’ordre blessées « un 1er-Mai, c’est extrêmement rare« , a poursuivi le ministre de l’Intérieur, en « condamnant fermement ces violences ». 

Des affrontements et des dégradations se sont produits notamment à Paris, en tête du cortège du 1er-Mai, avec des jets de projectiles contre les forces de l’ordre et des vitrines caillassées, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les premiers incidents ont eu lieu dès le départ de la manifestation intersyndicale vers 14h15 de la place de la République, sous une forte pluie.

De gros pétards ainsi que des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre depuis le pré-cortège, composé de plusieurs centaines de manifestants vêtus de noir.

Un policier a été atteint par un cocktail Molotov et « souffre de brûlures au visage et au bras », a indiqué la préfecture de police (PP) de Paris. Son pronostic vital n’est toutefois pas engagé.

Plusieurs commerces sur le parcours ont vu leurs vitrines caillassées, notamment des agences bancaires et immobilières, un magasin de photocopies, ainsi que du mobilier urbain.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé sur Twitter la présence à Paris, mais aussi Lyon et Nantes, de « casseurs extrêmement violents venus avec un objectif: tuer du flic et s’en prendre aux biens des autres ».

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« Le préfet de police, compte tenu des nombreuses dégradations commises, a décidé de l’intervention des forces (de l’ordre) dans le pré-cortège pour mettre un terme aux incidents et séparer le pré-cortège du cortège syndical », a indiqué la préfecture de police (PP).

Cette manoeuvre a pour but « d’éviter que les éléments radicaux se fixent et empêchent la déambulation », a-t-on ajouté de même source.

Les manifestants ont effectivement été scindés en deux groupes, a constaté l’AFP.

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La tête de cortège est arrivée vers 16h15 place de la Nation dans un climat de vives tensions entre des centaines de « black blocs » usant de feux d’artifice en tir tendu et d’autres projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et de grenades défensive.

« Les éléments violents sont tous arrivés place de la Nation. Mis en échec sur l’itinéraire, dans leur volonté d’entraver la progression de la manifestation en commettant des dégradations et des violences, ils cherchent désormais un affrontement place de la Nation », a commenté la PP. 

Selon cette même source, 2.740 contrôles avaient été effectués à 14h10, avant le départ de la manifestation.  A 16h40, 46 personnes avaient été interpellées.

Entre 700.000 et 2 millions de personnes

Au total, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé lundi dans toute la France pour un 1er mai à la fois « festif » et « combatif », les syndicats entendant montrer qu’ils n’abandonnent pas la lutte contre la réforme des retraites, même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.

« Ce 1er mai est un des plus forts du mouvement social« , a salué la secrétaire générale du syndicat CGT Sophie Binet tandis que son homologue de la CFDT Laurent Berger vantait « une très grosse mobilisation ».

Le ministère de l’Intérieur a compté 782.000 manifestants, contre 116.500 en 2022. La CGT a de son côté annoncé avoir recensé 2,3 millions de personnes dans les différents cortèges.

Le trafic aérien était de son côté perturbé avec 25 à 33% de vols annulés dans les plus grands aéroports français, un mouvement qui devrait se poursuivre à Paris-Orly mardi.

Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (le groupement CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000). En 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour « faire barrage » à Jean-Marie Le Pen, figure historique de l’extrême droite française, qualifié au second tour de l’élection présidentielle.

« Pas un gravier entre nous »

Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient pourtant après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée. 

Si dans la rue comme dans les sondages la colère reste vive, avec des « casserolades » qui accompagnent les déplacements de l’exécutif, au sein du gouvernement français certains veulent croire « qu’on a passé le plus gros en terme de contestation » et que ce 1er mai « peut être le baroud d’honneur de l’interprofessionnel ».

Le président Emmanuel Macron s’est donné le 17 avril « 100 jours d’apaisement » et « d’action » pour relancer son quinquennat. Sa Première ministre, Elisabeth Borne, va envoyer des invitations aux syndicats « la semaine prochaine », selon son bureau.

Et des divergences entre eux commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure que l’union des syndicats « n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous ».

D’ores et déjà, Laurent Berger a annoncé dimanche que la CFDT « irait discuter » avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que les syndicats avaient prévu de prendre la décision « ensemble » mardi matin.

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