France : moins de manifestants contre la réforme des retraites, nouvelles mobilisations à l’horizon
La troisième journée de manifestations en France contre une réforme décriée des retraites a rassemblé moins de manifestants mardi, mais les syndicats entendent maintenir la pression sur le gouvernement d’Emmanuel Macron lors d’une prochaine mobilisation samedi.
Les chiffres des cortèges qui se sont déroulés dans la matinée dans différentes villes de France montraient une participation moindre que la semaine dernière et le syndicat CGT a revendiqué « près de deux millions » de personnes dans les rues de France contre 2,8 millions de participants le 31 janvier, et plus de deux millions le 19, selon ses propres chiffres.
Le secrétaire général du syndicat, Philippe Martinez, a appelé à des « grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives, et reconductibles », tandis que le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger a admis « un petit handicap avec les vacances » scolaires d’une partie du territoire. « Le message de ce soir, ce sera un appel à manifester massivement samedi », a-t-il ajouté, et maintenir sous pression le gouvernement et les parlementaires qui débattent à l’Assemblée nationale de ce projet majeur du deuxième mandat d’Emmanuel Macron.
Les syndicats espèrent une mobilisation plus forte samedi, présentée comme la mobilisation de ceux qui ne pouvaient pas venir manifester lors des précédentes journées d’action, menées en semaine.
Deux premières journées de manifestations les 19 et 31 janvier avaient réuni chaque fois plus d’un million de protestataires selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs, contre ce projet impopulaire d’après les sondages et dont la mesure phare est un recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, dans un pays de quelque 67 millions d’habitants.
Dans le secteur clé des transports, la circulation des trains et métros était « fortement perturbée » à la SNCF et à la RATP. Mais avec un taux de grévistes tombé à 25%, contre 36% le 31 et 46% le 19. Dans l’énergie, la CGT revendique une baisse d’environ 4.500 MW de production d’énergie, l’équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Plus d’un opérateur sur deux (56%) des équipes du matin des raffineries de TotalEnergies étaient en grève selon la direction, entre 75 et 100%, selon la CGT. La direction d’EDF a recensé 36,9% de grévistes, contre 46,5% le 31 janvier.
A Marseille (sud), Morgane Muffière, 33 ans, assistante en école maternelle, manifeste pour la première fois : « On vient exprimer notre colère parce que travailler 12 heures par jour avec des enfants jusqu’à 64 ans, ce n’est pas possible ». « C’est une réforme vraiment injuste », ajoute-t-elle, se disant prête à s’engager dans la durée contre la réforme.
Bataille à l’Assemblée
A l’Assemblée nationale, où le gouvernement ne dispose pas d’une majorité absolue, le débat ouvert lundi sur le projet de réforme est marqué par la volonté de ses détracteurs à mener un combat d’obstruction parlementaire, dans une ambiance chaotique et tendue. « Vous faites pitié », a invectivé le député de la gauche radicale François Ruffin lundi soir à la tribune. « C’est la réforme ou la faillite » du système de retraites, a soutenu le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, appelant les opposants au projet à choisir entre « intérêt général » et « intérêt électoral ». « On ne peut pas gouverner très longtemps contre son propre pays », a lancé le socialiste Olivier Faure (PS).
La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et à un vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant « porteur de progrès social », notamment via une revalorisation des petites retraites.
Emmanuel Macron joue une grosse partie de son crédit politique dans ce bras de fer, qui met aussi en lumière la fragilité de sa majorité relative au Parlement. Pour passer, le texte devra être voté par les élus du parti de la droite traditionnelle, Les Républicains.
La cotes de popularité du président et de sa Première ministre Élisabeth Borne continuent de baisser, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud radio et Paris Match. Le chef de l’État perd deux points de popularité, à 34% d’opinion favorable, son pire score depuis mars 2020.