François Ruffin fait partie des grands gagnants des législatives, avec une victoire difficile mais finalement nette face au RN. © PHOTOPQR/LE COURRIER PICARD/MAXP

France: les gagnants et les perdants du second tour des législatives

La triomphe de la gauche lors des législatives a créé quelques surprises. Certaines personnalités n’ont pas été élues alors que leur victoire semblait acquise. A l’inverse, d’autres ont accompli une véritable remontada, ou l’ont emporté avec une large avance.

Les grands gagnants

François Ruffin

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Ce n’était pas gagné mais il l’a fait. Au premier tour, le co-initiateur du Nouveau Front populaire (NFP) François Ruffin était arrivé loin derrière la candidate du Rassemblement national (RN), avec 33,92% contre 40,69%. Bénéficiant du désistement de la représentante des macronistes, arrivée troisième, le documentariste a rebondi au second tour en recueillant 52,96% des votes dans la Somme. Il pourrait ainsi rester une des figures les plus importantes de la gauche française.

Elisabeth Borne

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Le second tour s’annonçait également compliqué pour l’ex-Première ministre Elisabeth Borne. Le 30 juin, elle était arrivée deuxième avec 28,93% dans le Calvados, loin des 36,26% du RN. Manifestement, le désistement du candidat NFP l’a aidée à reprendre le dessus. Elle s’en sort avec 56,36% ce dimanche, assurant ainsi la continuité de sa carrière politique.

Les bannis de LFI

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C’est la victoire la plus paradoxale de ce second tour. Opposés à l’omnipotence de Jean-Luc Mélenchon au sein de La France insoumise (LFI), plusieurs députés n’ont pas été investis par leur parti de gauche radicale pour les législatives. Ce qui ne les a pas empêchés de se présenter. Aujourd’hui, ils savourent leur revanche. Après Mathilde Panot élue dès le premier tour, Alexis Corbière, Hendrik Davi et Danielle Simonnet l’ont emporté en tant que dissidents LFI. Seule Raquel Garrido ne s’est pas imposée. Elle avait préféré se désister pour empêcher l’élection d’une candidate macroniste, au profit d’un «vrai» candidat LFI, Aly Diouara.

Aurélien Pradié

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Excédé par la décision du président des Républicains (LR) Eric Ciotti de s’allier avec le RN, l’ex-vice-président du parti de droite Aurélien Pradié avait décidé de prendre ses distances avec sa formation politique. Il s’est présenté sans elle aux législatives, en prenant ainsi un gros risque. Un pari réussi puisqu’il a obtenu 53,78% des voix dans le Lot.

François Hollande

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Après plusieurs années d’éclipse politique, l’ancien président François Hollande avait décidé de représenter le NFP dans son bastion de Corrèze, un territoire que le RN semblait en mesure de conquérir. Ce dimanche, il a largement devancé la candidate RN, avec 43,10% contre 31,69%.

Laurent Wauquiez et Olivier Marleix

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Face aux trois blocs qui composent désormais l’Assemblée nationale, l’ancien parti de Nicolas Sarkozy résiste tant bien que mal. En atteste la victoire de son ex-président, Laurent Wauquiez, dans son fief de Haute-Loire, et de son président de groupe à l’Assemblée, Olivier Marleix, dans l’Eure-et-Loir. Le premier l’a emporté avec 61,61% et le deuxième avec 57,26%, les deux face au RN. Ils sont aujourd’hui en bonne position pour diriger leur parti.

Emmanuel Tjibaou

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Dans les territoires d’Outre-mer, une victoire est particulièrement marquante: celle d’Emmanuel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie. Fils d’une grande figure indépendantiste, il bat largement le candidat loyaliste avec 57,44% des voix. Il devient ainsi le deuxième député indépendantiste kanak de l’histoire (après Rock Pidjot, élu entre 1978 et 1986).

Les semi-gagnants

Gabriel Attal

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Ce lundi, le Premier ministre Gabriel Attal va remettre sa démission, le parti présidentiel n’étant plus la première force politique à l’Assemblée nationale. Pourtant, il s’en est bien sorti ce 7 juillet. Candidat dans la dixième circonscription des Hauts-de-Seine, il a été réélu haut la main avec 58,23% des voix contre la socialiste Cécile Soubelet.

Il peut aussi se prévaloir du succès des membres de son gouvernement. Sur les 17 ministres et secrétaires d’Etat présents aux législatives, 15 ont été élus, dont Stéphane Séjourné (Affaires étrangères), Gérald Darmanin (Intérieur), Marc Fesneau (Agriculture), Prisca Thevenot (porte-parole du gouvernement), Aurore Bergé (Égalité hommes-femmes) ou encore Olivia Grégoire (Commerce). S’il perd son poste, la faute revient de toute évidence plus à Emmanuel Macron et à sa dissolution, plutôt qu’à lui-même.

Eric Ciotti

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En décidant de s’allier au RN, le président de LR Eric Ciotti pouvait espérer l’emporter largement dans sa ville natale de Nice en surfant sur la vague de l’extrême-droite. Candidat sous la bannière LR-RN, il a gagné sa triangulaire avec 45,14% des voix. Il reste donc député des Alpes-Maritimes, mais c’est bien sa seule victoire. Son parti veut aujourd’hui le destituer de son rôle de chef et le RN ne pourra pas respecter sa promesse: le propulser au gouvernement.

Les perdants

Marie-Caroline Le Pen

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Elle était largement en tête au premier tour avec 39,26% et pourtant, la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline, a échoué. Candidate dans la Sarthe, elle est battue de peu par son opposante du NFP, qui a obtenu 50,23% des voix.

Nicolas Dupont-Aignan

© Hans Lucas via AFP

Grande figure de la droite radicale française, Nicolas Dupont-Aignan se représentait dans sa circonscription de l’Essonne, où il était le député depuis 27 ans. Son règne a pris fin ce 7 juillet 2024. Affaibli par une triangulaire où LR était présent, il n’a pas réussi à s’imposer face au candidat NFP qui a remporté la mise avec 40,5%, contre 37,5% pour lui et 22% pour LR.

Jean Lassalle

© Hans Lucas via AFP

Véritable ovni de la politique française, le ruraliste Jean Lassalle, plusieurs fois candidat à la présidentielle, n’a pas réussi à reconquérir sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques, qui l’avait fait député entre 2002 et 2022. Il est battu à plate couture avec 23,2% des suffrages, loin derrière le NFP (47,9%) et le RN (28,9%).

Stanislas Guerini et Sarah El Haïry

© MAXPPP

Si les membres du gouvernement Attal ont le plus souvent gagné leurs circonscriptions respectives, ce n’est pas le cas pour deux d’entre eux: Sarah El Haïry et Stanislas Guerini. La première, ministre déléguée de la Jeunesse et des Familles, trébuche avec 37,38% des suffrages face aux 39,91% du NFP lors d’une triangulaire en Loire-Atlantique. Le second, ministre de la Fonction publique, est lui aussi battu par le NFP, avec 46,41% contre 53,59%.

Olivier Véran

© PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPP

Olivier Véran est resté dans les esprits pour avoir été ministre de la Santé pendant la crise du Covid, puis porte-parole du gouvernement. Quelque peu en retrait depuis, il aurait pu rebondir en gagnant sa circonscription de l’Isère. Ce ne sera pas le cas. Il a été battu lors d’une triangulaire, en obtenant 40,24% des voix face aux 42,35% du NFP.

Meyer Habib

© Hans Lucas via AFP

Il était l’un des députés les plus sulfureux de l’Assemblée nationale. Connu pour sa défense acharnée et polémique des intérêts israéliens, Meyer Habib (LR) n’a pas réussi à se faire réélire ce dimanche. Il a été battu par la candidate macroniste dans sa circonscription des Français de l’étranger, avec 47,3% contre 52,7%.

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