France: journée d’action cruciale dans le bras de fer sur la réforme des retraites
Manifestations, grèves reconductibles, ronds-points occupés : de premières actions de blocage ont commencé mardi pour mettre la France « à l’arrêt » contre la très contestée réforme des retraites défendue par Emmanuel Macron, avant sa probable adoption par le Parlement d’ici quelques jours.
Cette sixième journée de mobilisation s’annonce massive et fait figure de test majeur pour le gouvernement français qui veut relever l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans dans le but affiché d’assurer le financement du système, pilier du modèle social à la française.
Les opposants à la réforme dénoncent eux un projet « injuste », pénalisant principalement les salariés aux métiers les plus pénibles, et massivement rejeté dans les enquêtes d’opinion. Le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, a prédit une « journée de mobilisation extrêmement puissante » et appelé le président Emmanuel Macron à ne pas « rester sourd » aux protestations tandis que la Première ministre Elisabeth Borne mettait en garde contre l’impact du blocage du pays sur les Français « les plus modestes ».
Première action d’envergure de la journée, les expéditions de carburants ont été bloquées dans la matinée à la sortie de « toutes les raffineries » de France, a affirmé à l’AFP le syndicat CGT-Chimie, assurant que des raffineries de TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos étaient notamment affectées.
Cette sixième journée d’actions doit également être marquée par le lancement de grèves reconductibles dans plusieurs secteurs, des transports aux raffineries en passant par l’énergie, le commerce ou les déchets, et par des manifestations qui s’annoncent très suivies. Selon une source policière, entre 1,1 et 1,4 million de personnes devraient descendre dans la rue mardi. Le syndicat CGT prévoit au total 265 rassemblements.
Perturbations dans plusieurs secteurs
La compagnie ferroviaire SNCF et les transports parisiens prévoient un trafic très perturbé mardi mais aussi mercredi. Dans les airs, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire de 20 à 30% leurs programmes de vols mardi et mercredi. Les transporteurs routiers ont rejoint le mouvement, certains dès dimanche soir.
Dans l’éducation, le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, prévoit « plus de 60% » d’enseignants grévistes dans le premier degré et « plusieurs milliers d’écoles » fermées mardi. Une vingtaine de blocages sont prévus dans les universités. Le secrétaire général de la CGT Energie, Sébastien Ménesplier, a prévu une « semaine noire » dans le secteur, avec des baisses de production principalement dans le nucléaire. Trois des quatre terminaux méthaniers qui permettent d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France ont été mis à l’arrêt pour « sept jours », a indiqué lundi soir le syndicat CGT Elengy.
Les syndicats s’attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: rideaux de magasins fermés, péages ouverts, ronds-points occupés – ces derniers modes d’action rappelant le mouvement de protestation des « gilets jaunes » en 2018-2019 -, ou spectacles annulés.
La semaine sera émaillée d’autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat, qui s’achèveront quoi qu’il arrive vendredi: « grèves féministes » le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, mobilisation de la jeunesse jeudi, grève nationale pour le climat vendredi, une problématique que certains syndicats lient à celle des retraites.