François Hollande peut aider à bâtir quelque chose de nouveau au PS, selon Gaspard Gantzer. © Getty Images

France: «Le Parti socialiste est sorti du purgatoire», selon Gaspard Gantzer

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Celui qui fut le communicant du président François Hollande salue la clarté de la campagne du Nouveau Front populaire. Pour le PS, une perspective positive s’ouvre.

Le 13 juin, le site d’information Huffington Post publie une tribune intitulée «Le prochain Premier ministre sera de gauche». Son auteur est Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, enseignant à HEC et à Sciences Po Paris, et fondateur de l’agence de relations publiques Gantzer Agency. «Du chaos provoqué par le président de la République, tout laisse à croire qu’émergera une victoire de la gauche aux prochaines élections législatives, écrit-il. Les ingrédients sont réunis. Union des partis de gauche, majorité sortante acculée, enthousiasme puissant.» Retour sur un succès surprenant, pour presque tous.

Vous avez été un des rares observateurs à prédire une victoire du Nouveau Front populaire. Avez-vous retrouvé dans le vote du 7 juillet les ingrédients de ce succès?

Je savais qu’à partir du moment où il y avait l’union de la gauche, cela la plaçait, d’un point de vue arithmétique, en position de force pour le second tour, devant la majorité présidentielle sortante. Je savais aussi que le front républicain fonctionnerait, contrairement à ce qui était dit par les analystes. Quand la gauche et l’ensemble des Français sont confrontés au pire, c’est-à-dire la victoire possible de l’extrême droite –le Rassemblement national est un parti xénophobe avec des éléments racistes et antisémites–, la gauche se mobilise.

En matière de communication, la relative clarté du message et du programme du Nouveau Front populaire a-t-elle été un atout?

Il y a eu trois éléments clés. Un, la dynamique de l’union. Deux, un programme très simple, avec peu de mesures, mais très lisibles, notamment sur les questions économiques et sociales. Et trois, ils ont trouvé la bonne manière d’exprimer leur position sur les désistements au soir du premier tour. Cette grande clarté dans la consigne donnée sur le front républicain a joué en leur faveur.

L’enthousiasme de ce succès n’est-il pas déjà entaché par la volonté d’hégémonie encore manifestée le soir du 7 juillet par Jean-Luc Mélenchon?

Evidemment, Jean-Luc Mélenchon continue à prendre beaucoup de place. Mais son influence a quand même diminué sur le double effet de la remontée des socialistes, qui font jeu égal avec les insoumis, et de la contestation dont il fait l’objet au sein de son propre parti, de la part de François Ruffin, Alexis Corbière, Clémentine Autain et de quelques autres.

Pensez-vous possible l’émergence d’une personnalité modérée pour briguer le poste de Premier ministre?

Je pense que le prochain Premier ministre sera socialiste.

Dans votre livre, Etes-vous encore de gauche? (Flammarion, 2022) vous écriviez que le PS était incapable de «se connecter aux mobilisations de la jeunesse». Raphaël Glucksmann, notamment, a-t-il changé ce constat?

Oui, il y a de nouvelles personnalités au sein du Parti socialiste qui peuvent être davantage connectées à la société, Raphaël Glucksmann, Boris Vallaud, qui est une personnalité intéressante… Et, même s’il n’est pas socialiste, Laurent Berger (NDLR: ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail, la CFDT, proposé un temps par Raphaël Glucksmann pour le poste de Premier ministre) a aussi cette préoccupation de s’intéresser à toutes les catégories de la société, et notamment à la jeunesse. En réalité, ils sont plusieurs à pouvoir aller de l’avant. Cette nouvelle perspective politique permettra à des talents de se découvrir et de se révéler.

Vous croyez en une reconstruction du Parti socialiste?

Le PS sort du purgatoire dans lequel il s’était plongé lui-même après 2017. Tout n’est pas réglé bien évidemment parce qu’il y a un certain nombre de questions qui doivent être réglées, notamment sur le plan programmatique. Mais le plus dur est fait.

Vous appeliez dans votre livre à ce que la gauche se ressaisisse de la question de la justice sociale. Est-ce en bonne voie?

Oui. D’ailleurs, le cœur du programme du Nouveau Front populaire est autour de cette question de la lutte contre les inégalités et pour la justice sociale, notamment sur le plan fiscal, avec une nouvelle forme de taxation du capital et des sociétés. Une perspective nouvelle s’ouvre, positive, qui peut permettre de lutter efficacement contre les inégalités sous toutes leurs formes.

Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande. © GETTY IMAGES
«Cette nouvelle perspective politique permettra à des talents de se révéler.»

Que vous inspire le retour de François Hollande dans le combat politique de terrain?

J’en suis très heureux. A titre personnel, parce que j’ai de l’affection et de l’admiration pour lui. Et puis, sur le plan politique, parce qu’au moment où la France traverse une crise politique si profonde, le fait de pouvoir compter sur des personnalités comme François Hollande est une très bonne nouvelle. C’est un homme d’expérience, de valeurs qui a de la hauteur de vue et qui saura montrer à tous les Français qu’on peut compter sur lui quand les temps sont difficiles.

Peut-il être l’initiateur d’une revitalisation du PS?

Il peut y aider. Ce n’est pas lui qui peut être le nouveau leader du PS. En revanche, c’est une figure incontournable, essentielle, centrale, qui peut aider à bâtir quelque chose de nouveau. Il sera au cœur du dispositif, quoi qu’il arrive.

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