France: forte mobilisation dans la rue contre la réforme des retraites

« Je ne veux pas partir à 64 ans! »: des centaines de milliers de personnes ont manifesté mardi à travers la France pour protester contre l’impopulaire réforme des retraites, projet phare du président Macron, mais la grève semblait moins suivie que lors de la première journée de mobilisation le 19 janvier.

Alors qu’un à deux millions de personnes avaient marché lors du premier appel intersyndical à la grève, la mobilisation dans la rue s’annonçait encore forte contre la réforme, dont le coeur est le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Le syndicat CGT a revendiqué 2,8 millions de manifestants sur tout le territoire, et quelque 500.000 personnes à Paris, largement au-dessus du chiffre de la police de 87.000.

Dans le capitale, le cortège était emmené par les leaders syndicaux rassemblés derrière la banderole « Réforme des retraites: travailler plus longtemps, c’est non ». 

Quelques échauffourées ont éclaté à mi parcours entre les forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’ultras.

La mobilisation était forte également dans les grandes villes de France, avec 40.000 personnes à Marseille (sud) selon la police, contre 26.000 le 19 janvier, 23.000 à Rennes (ouest), au moins 28.000 à Nantes où les manifestants criaient: « Macron, ta loi, elle passera pas! ».

Des manifestations importantes ont aussi eu lieu dans les petites villes, comme à Mende, 12.000 habitants, dans le sud de la France. « C’est la première fois de tout ma vie que je manifeste. Je ne vois pas mon fils cuisinier porter des grosses gamelles à 64 ans », expliquait ainsi Christiane Martinez, 72 ans.

Les manifestations étaient marquées par une forte présence de femmes protestant contre une réforme « injuste » dont elles s’estiment les « grandes perdantes ».

Tous les leaders syndicaux se sont félicités d’une affluence supérieure à celle de la première journée de mobilisation.

« Il y a plus de monde encore que la dernière fois », a affirmé Laurent Berger (CFDT), au diapason de Philippe Martinez (CGT), assurant que « c’est plus que le 19, dans tous les retours qu’on a ».

Le nombre de grévistes semblait en revanche en baisse dans plusieurs secteurs publics et privés, notamment dans la Fonction publique, avec un taux de grévistes de 19,4% à la mi-journée contre 28% lors de la première journée de mobilisation, selon le ministère de la Fonction publique.

Dans l’Education, le ministère annonçait un taux d’enseignants grévistes de 25,92%, bien en deça de la précédente mobilisation, mais les syndicats évoquaient eux au moins 50% de grévistes.

Les transports sont restés très perturbés, notamment les trains et les métros.

Et la mobilisation était toujours forte dans les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies qui comptent 75 à 100% de grévistes, selon la CGT, qui entend poursuivre le mouvement et n’a pas exclu des « arrêts » dans les raffineries la semaine prochaine.

« Indispensable »

La réforme des retraites, chantier crucial du second quinquennat d’Emmanuel Macron, prévoit un recul de l’âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation.

Malgré un rejet croissant dans l’opinion, l’exécutif reste ferme: M. Macron a jugé lundi soir la réforme « indispensable », après la Première ministre Elisabeth Borne qui avait estimé que le report de l’âge légal de départ à 64 ans n’était « plus négociable ».

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avec 11.000 policiers et gendarmes mobilisés partout en France mardi pour encadrer les manifestants, accuse de son côté les partis de gauche de « bordéliser » le débat pour « empêcher systématiquement le gouvernement d’avancer ».

« M. Macron est certain de perdre », a assuré mardi Jean-Luc Mélenchon, héraut de la gauche radicale, louant le combat du « peuple » face « à la caste et à son gouvernement ».

A l’Assemblée nationale, quelque 7.000 amendements ont été déposés, dont 6.000 par la gauche, contre la réforme.

Elisabeth Borne a assuré devant des députés que la majorité resterait « unie » et ferait bloc derrière le président de la République et son projet ».

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. 

Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail, pris pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant « porteur de progrès social », notamment en revalorisant les petites retraites.

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