Elisabeth Borne © AFP

France: Elisabeth Borne, devant des députés remontés, appelle les oppositions « au compromis »

Le Vif

En France, Elisabeth Borne prononce son discours devant le Parlement. La Nupes espère faire tomber le gouvernement en présentant une motion de censure.

« Les Français nous attendent; l’heure n’est pas à nous compter, mais à nous parler », a lancé mercredi la nouvelle Première ministre française en présentant devant le Parlement son projet politique, appelant les oppositions mécontentes à « bâtir ensemble » des « compromis » après le revers du camp d’Emmanuel Macron aux législatives.

Affirmant qu’elle ne se déroberait ni aux « défis » ni aux « débats », Madame Borne a indiqué qu’elle n’aurait « qu’une seule boussole qui sera celle de notre gouvernement: bâtir pour notre pays« . « Les Français veulent un gouvernement et un Parlement d’action », a-t-elle ajouté. 

Elisabeth Borne s’est exprimée durant plus d’une heure devant les députés mercredi après-midi (et le fera devant les sénateurs à 19h00) lors de la traditionnelle « déclaration de politique générale », qui lui permet d’exposer à la fois son style et son programme, avant que les présidents de groupes parlementaires lui répondent.

Sonné par la perte de sa majorité absolue à la chambre basse du Parlement lors des législatives de juin et en quête d’un nouveau souffle, le président français Emmanuel Macron a dévoilé lundi le nouveau gouvernement qui sera chargé de mettre oeuvre ses réformes face à une opposition remontée.

S’exprimant devant des députés plutôt bruyants, qui ont alterné applaudissements, interpellations et invectives, Elisabeth Borne a rappelé son parcours et son « engagement », déroulé son discours avec détermination, souvent souriante, haussant parfois la voix.

Inflation

Réputée discrète, elle a estimé qu’elle était devenue Première ministre de la France grâce à la République, rappelant qu’elle avait été pupille de la Nation (bénéficiaire d’une bourse après la mort de son père, alors qu’elle n’avait que 11 ans). Son père, un ancien déporté, « n’était jamais vraiment revenu des camps », a-t-elle lancé mercredi avec émotion. 

Deuxième femme nommée Première ministre dans l’histoire récente de la France, Madame Borne est ingénieure de formation, une « technicienne » réputée tenace. Elle est membre de l’aile gauche de la majorité centriste libérale (arrivée au ministère du Travail en juillet 2020), un atout à l’heure où s’annoncent de nouvelles réformes sociales.

Disant vouloir « redonner son sens au mot compromis » et bâtir une « histoire des majorités de projets » et « d’idées », elle a appelé les oppositions de la gauche, de la droite et de l’extrême droite, à trouver « des compromis » et à « bâtir ensemble » les solutions aux défis des prix de l’énergie ou du climat

Elle a assuré vouloir mener « pour chaque sujet une concertation dense« . « Nous aborderons chaque texte dans un esprit de dialogue, de compromis et d’ouverture », a-t-elle insisté. « Premier défi » de son gouvernement: le pouvoir d’achat, face à une inflation qui a encore atteint 5,8% en juin, du jamais vu depuis près de 40 ans en France. Un projet de loi sera présenté jeudi en Conseil des ministres puis débattu dans l’hémicycle à compter du 18 juillet.

« Défis de la souveraineté »

La Première ministre a promis mercredi des « réponses radicales à l’urgence écologique« , que ce soit « dans notre manière de produire, de nous loger, de nous déplacer, de consommer ». L’Etat veut renationaliser à 100% la compagnie d’électricité EDF pour « renforcer sa capacité à mener, dans les meilleurs délais, des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique », a-t-elle également annoncé. 

Elle a prévenu que les Français devraient « travailler progressivement un peu plus longtemps ». « Notre pays a besoin d’une réforme de son système de retraite« , a-t-elle lancé.

La Première ministre a également abordé « les défis de la souveraineté« , souhaitant une « Europe plus indépendante ».

Motion de censure

Elisabeth Borne n’a pas sollicité la « confiance des parlementaires » contrairement à la plupart de ses prédécesseurs. Ce vote n’est pas obligatoire.

Les débats qui vont suivre le discours d’Elisabeth Borne s’annoncent agités. Les quatre groupes de gauche à l’Assemblée (socialistes, communistes, écologistes et radicaux de la France insoumise) ont déposé mercredi une motion de censure en signe de « défiance » à l’égard du gouvernement. 

La motion devra être soumise au vote de l’Assemblée au moins 48 heures après son dépôt, soit vendredi en début d’après-midi au plus tôt. Pour faire tomber le gouvernement, il lui faudrait réunir une majorité absolue, ce qui paraît très peu probable faute d’un rassemblement des oppositions.

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