L’exclusion d’Eric Ciotti provoque un tollé chez Les Républicains
Le président de la droite française Les Républicains (LR) a été exclu à la suite d’un bureau de parti auquel il n’a pas participé. Une décision non-valable selon lui, et qui fait suite à sa volonté d’alliance avec le Rassemblement national. L’ambiance est au beau fixe, du côté de la droite française.
Eric Ciotti, exclu mercredi de LR à l’unanimité d’un bureau politique du parti auquel il n’a pas participé, a répondu qu’il « resterait » président des Républicains, en contestant la validité de la sanction prononcée.
« La réunion organisée cet après-midi a été mise en œuvre en violation flagrante de nos statuts. Aucune des décisions prises à cette réunion n’emporte de conséquence légale. Elle peut avoir des conséquences pénales », a écrit le député des Alpes-Maritimes sur le réseau social X, quelques minutes après l’annonce de la décision par un communiqué du bureau politique de LR.
La gouvernance du mouvement gaulliste est désormais assurée par la députée Annie Genevard et François-Xavier Bellamy. « Les Républicains présenteront des candidats aux Français dans la clarté et l’indépendance » pour les élections législatives, a assuré Mme Genevard à l’issue de la réunion, alors que la Commission nationale d’investiture a été « reconduite dans sa forme actuelle », a précisé le communiqué.
Ce qui a provoqué le désaveu d’Eric Ciotti
Vingt-quatre heures après que Eric Ciotti a prôné une « alliance » avec le Rassemblement national, la crise apparaît plus que jamais aiguë chez LR, alors que le président exclu avait d’abord fait fermer les portes du siège parisien du parti, contraignant le bureau politique à se réunir dans un local loué à proximité.
« Nous avons une ligne à tenir. Nous sommes capables de rassembler des électeurs et nous sommes capables demain, à l’Assemblée nationale, de servir de rempart face (aux) dérives qui menacent aujourd’hui la France », a déclaré M. Bellamy après la décision d’exclure Eric Ciotti.
Dans la foulée, Les Républicains, qui disposaient de 61 élus à l’Assemblée, ont réinvesti tous leurs députés sortants pour le scrutin législatif, sauf Eric Ciotti et une autre cadre favorable à une alliance avec le RN.
« Il y aura un candidat LR contre Eric Ciotti dans sa circonscription » des Alpes-Maritimes (sud), a indiqué le chef des députés LR, Olivier Marleix, une décision également contestée par M. Ciotti selon lequel la commission d’investiture n’a « aucune existence juridique et légale« .
Des remous en interne
Tenant d’une ligne dure sur l’immigration, Eric Ciotti avait suscité l’ire de son camp en appelant à nouer une alliance sans précédent avec le Rassemblement national (RN, extrême droite) – arrivé largement en tête des européennes en France – en vue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.
Ce scrutin a été provoqué par la décision dimanche du président Emmanuel Macron, après la débâcle de son camp aux européennes, de dissoudre l’Assemblée nationale. Jusqu’à présent, le parti de droite républicaine en France avait toujours refusé de nouer une alliance nationale avec l’extrême droite. « Eric Ciotti, dehors: il a trahi, il a trahi pour une circonscription », avait fustigé Xavier Bertrand, cadre du parti et ancien ministre, sur la chaîne BFMTV-RMC. « Il n’y a pas de place pour les traîtres et les putschs à la Poutine », a lancé de son côté l’ex-candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse.
« Quand on fait de la politique, on ne répond pas par des accords, des coalitions, des petites ententes faites en catimini pour négocier des circonscriptions », a pour sa part affirmé Laurent Wauquiez, potentielle option de la droite pour la présidentielle de 2027. Avant que son sort ne soit scellé mercredi, M. Ciotti avait de nouveau provoqué l’émoi en privant d’accès au siège parisien de son parti les élus qui voulaient le destituer, avançant des raisons de « sécurité ». La réunion du parti s’est finalement tenue au musée social à quelques centaines de mètres du siège.