Des stations-service à sec en France: il est désormais interdit de remplir des bidons d’essence
Plus d’une station-service sur dix est privée de tout ou partie de ses carburants en France, en particulier de l’enseigne TotalEnergies victime du succès d’une remise à la pompe ainsi que d’une grève dans ses raffineries et dépôts de carburants.
Quelque 12% des stations en France connaissent des « difficultés sur au moins un type de carburant« , avec des situations variables selon les régions, une proportion qui monte à 30% dans le nord du pays, a indiqué mercredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. TotalEnergies, contacté, n’a pas confirmé le nombre de ses stations manquant d’essence.
L’AFP a constaté que de nombreuses stations, de diverses enseignes, étaient vides dans le Nord et que plusieurs autres étaient prises d’assaut.
« On a eu notre dernière livraison de camion le 29 septembre. Ca tient à peu près deux jours et c’est fini. On est à sec depuis dimanche« , témoigne le gérant d’une station TotalEnergies d’un quartier populaire de Paris. Ses pompes sont entourées d’un ruban de signalisation rouge et blanc pour inciter les automobilistes à poursuivre leur quête un peu plus loin. « Comme c’est moins cher, tout le monde vient chez nous », explique le gérant.
« On arrive d’Amsterdam pour aller à Paris, on cherche de l’essence depuis 1h30, c’est notre quatrième station », explique à Lille Sofiane Ladjmi qui voyage avec son frère et se dit inquiet d’être « en retard pour les cours ». Le porte-parole du gouvernement a récusé le terme de « pénurie », préférant évoquer « des tensions » dans l’approvisionnement.
Les problèmes s’expliquent par un mouvement de grève pour les salaires au sein de TotalEnergies, mais aussi, selon le groupe, par « la baisse des prix » dans ses stations – une remise à la pompe de 20 centimes d’euros par litre – qui a entraîné « une affluence importante ».
Interdiction d’achat dans des récipients « transportables manuellement » en France
Le préfet du Pas-de-Calais (Nord) a annoncé l’interdiction de la vente et de l’achat de carburant « dans des récipients transportables manuellement », appelant les habitants à « faire preuve de civisme et de solidarité ».
Le groupe a promis « de se mobiliser pour réapprovisionner le réseau grâce à des moyens logistiques supplémentaires ». « Il n’y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers », a-t-il affirmé.
Si certains sites de TotalEnergies ont stoppé le mouvement, il a été reconduit mercredi dans la raffinerie de Normandie, près du Havre, la plus importante de France, qui représente à elle seule 22% du raffinage dans le pays.
Le mouvement a également été reconduit à la « bio-raffinerie » de La Mède (sud-est) et au dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque (nord), selon le syndicat CGT qui réclame une revalorisation salariale de 10% pour l’année 2022.
La grève se poursuit également pour les salaires dans les deux raffineries françaises du groupe Esso-ExxonMobil, en Seine-Maritime (nord-ouest) et dans les Bouches-du-Rhône (sud-est), selon le syndicat CGT du groupe.
3500 stations impactées
TotalEnergies, qui gère près d’une station-service de France sur trois, se refuse à donner le nombre de stations à sec, mais sa carte en ligne montre que la plupart de ses 3.500 points de vente manquent d’un ou plusieurs carburants.
Du nord au sud de la France, les automobilistes font la chasse aux stations ouvertes, et quand ils en trouvent, doivent faire longuement la queue pour un plein.
Et les problèmes vont continuer. « Chacun des sites nous a indiqué la reconduction de la grève », a indiqué à l’AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité d’entreprise européen TotalEnergies SE. La raffinerie de Normandie, à l’arrêt, est toujours en grève, tout comme la « bio-raffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône), et le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque.
Avec AFP
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici