Michel Barnier
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Barnier espère finaliser son gouvernement « avant dimanche »

Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier espère présenter son gouvernement « avant dimanche », une partie de la gauche descendant de nouveau dans la rue samedi pour dénoncer les orientations politiques du futur exécutif.

La formation du gouvernement est compliquée par le résultat des législatives de juillet, qui n’ont pas permis de dégager une majorité à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement. Celle-ci est aujourd’hui divisée en trois blocs: la gauche (arrivée en tête du scrutin), le centre droit et l’extrême droite. Issu du parti de droite Les Républicains (LR), Michel Barnier a été choisi le 5 septembre par le président Emmanuel Macron, dans l’espoir qu’il parvienne à sortir la France de l’impasse politique.

Plus de deux semaines après la nomination de l’ex-négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, son entourage a fait savoir vendredi soir que « l’architecture et la composition finalisées » du gouvernement avaient été envoyées à l’Elysée. La veille, une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, avait déjà été présentée au chef de l’Etat. Mais certaines personnalités, marquées très à droite, inquiètent au sein de la majorité présidentielle et sont dénoncées par la gauche.

Parmi elles: Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l’Intérieur selon plusieurs sources de la droite et du bloc central, et la sénatrice LR Laurence Garnier, pressentie pour le ministère de la Famille. Le premier est positionné très à droite sur le dossier de l’immigration, tandis que la seconde s’est exprimée contre mariage homosexuel et l’inscription de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française.

« Intérêt collectif »

« Les noms bougent dans tous les sens » ces derniers jours, résume auprès de l’AFP une source ministérielle. Le parti centriste MoDem n’a toujours « pas acté » sa participation au gouvernement. Face à ces hésitations, au nom de « l’intérêt collectif », Emmanuel Macron a appelé ses alliés à « aider » le Premier ministre à former son gouvernement. Sur le réseau social X, l’ancien député centriste Jean-Louis Bourlanges a « adjuré (ses) amis » de « surmonter leurs réserves » car « la situation politique, financière et internationale du pays est trop sérieuse ». Mais d’autres voix au sein du camp présidentiel ne semblent pas non plus convaincues par ce gouvernement.

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Un dirigeant de l’ex-majorité déplore qu' »aucune ambiguïté » sur la politique qui sera menée par Michel Barnier n’ait été levée. « Aucune. Sur l’immigration, les impôts, la bioéthique… », énumère-t-il. Selon plusieurs participants à une réunion de dirigeants des formations qui doivent participer au gouvernement — une rencontre visant à mettre fin aux tensions ayant émergé ces derniers jours –, M. Barnier a affirmé qu’il n’augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes. Une décision qui a satisfait l’ancien chef du gouvernement Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, qui avait fixé cette condition pour la participation de son parti au gouvernement.

« Pression populaire »

Selon un communiqué de ses services, Michel Barnier a affirmé qu’il entendait « améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l’école et la santé, garantir la sécurité, maîtriser l’immigration et faire progresser l’intégration ». Il souhaite aussi « encourager (les) entreprises et (les) agriculteurs et conforter l’attractivité économique de la France, maîtriser (les) finances publiques et réduire la dette écologique ».

Le Premier ministre a affirmé mercredi avoir découvert une « situation budgétaire très grave« . La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l’UE, l’objet d’une procédure européenne pour déficits excessifs. La gauche, arrivée en tête des législatives, s’indigne d’un futur gouvernement marqué à droite. Les écologistes et la gauche radicale (parti LFI, La France insoumise) doivent se joindre à des manifestations organisées samedi dans plusieurs villes françaises par des associations, des organisations étudiantes, environnementales et féministes contre le tandem Macron-Barnier.

« C’est une question de dignité pour tout un peuple, après une élection niée et volée par le président », relève la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot. Et de dénoncer « les orientations politiques » du gouvernement Barnier. LFI entend « augmenter la pression populaire » après une première journée de manifestations le 7 septembre qui avait réuni entre 110.000 (police) et 300.000 personnes (organisateurs) dans toute la France. Michel Barnier est « un Premier ministre de droite dure, anti-social, anti-migrants, au passé homophobe », qui « ne pourra gouverner qu’avec l’accord permanent de (la cheffe de file de l’extrême droite) Marine Le Pen », ont écrit dans les diverses organisations dans leur appel à la mobilisation.

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