Six blessés dont quatre enfants, pas de mobile terroriste apparent: ce que l’on sait sur l’attaque au couteau à Annecy
Un réfugié syrien a semé la terreur jeudi matin et provoqué un vif émoi en France en blessant, armé d’un couteau, six personnes dont quatre enfants de 22 à 36 mois avant d’être interpellé par la police.
Trois des victimes, deux enfants et un adulte, ont un pronostic vital engagé, selon une source proche du dossier. Ce vendredi, les deux enfants étaient toujours « en urgence vitale », selon Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.
Parmi les enfants blessés figurent un Britannique et un Néerlandais. Le plus jeune des enfants blessés a 22 mois et le plus âgé 3 ans. Deux d’entre eux ont leur pronostic vital engagé, selon la même source.
« Aucun mobile terroriste apparent » n’a pour l’instant été retenu dans l’enquête, a déclaré la procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, lors d’une conférence de presse, précisant que l’enquête était ouverte pour tentative d’assassinats.
L’homme s’est attaqué à des enfants qui étaient sur une aire de jeu dans le grand parc qui borde le lac d’Annecy, dans le sud-est de la France. Il a dit « au nom de Jésus Christ » au moment de l’attaque, selon une vidéo consultée par l’AFP.
Pas d’antécédent psychiatrique
Le président Emmanuel Macron a dénoncé une « attaque d’une lâcheté absolue« . Le président est attendu auprès des victimes ce vendredi. La Première ministre Elisabeth Borne, sur place, a confirmé que l’auteur n’était « connu d’aucun service de renseignement » et n’avait pas « d’antécédent psychiatrique identifié ».
La France « a pris contact avec tous les services judiciaires et des services de renseignement des autres pays en Europe et au-delà, et ce monsieur n’a pas d’antécédents judiciaires, n’est connu d’aucun service de renseignement et on n’a pas identifié d’antécédents psychiatriques« , a déclaré la cheffe du gouvernement. L’homme est « un Syrien, qui a le statut de réfugié en Suède depuis 10 ans et qui a demandé l’asile en France », a-t-elle confirmé.
De nationalité syrienne, l’homme est né en 1991 et avait obtenu le statut de réfugié en Suède où il a vécu pendant 10 ans, par une décision du 26 avril 2023. Il était entré en situation régulière sur le territoire français où il avait déposé une deuxième demande d’asile en novembre 2022, selon une source au sein de la police.
Il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé. Dans son dossier de demande d’asile déposé en France, il s’est déclaré « chrétien de Syrie », a rapporté de son côté une source policière.
Il avait rejoint la France il y a huit mois depuis la Suède où il vivait, car il n’arrivait pas à obtenir la nationalité suédoise, a déclaré à l’AFP son ex-femme.
Aeteadal K., une réfugiée syrienne de 50 ans qui avait été en contact avec lui à Trollhättan, en Suède, a indiqué à l’AFP qu’il avait « quitté la Suède pour la France il y a sept mois« .
L’attaque s’est passée vers 09H30 locales (07H30 GMT), à l’arme blanche aux abords du jardin de l’Europe, parc très fréquenté situé sur les bords du lac d’Annecy, a rapporté la préfecture.
L’homme vêtu d’un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, s’est dirigé vers les poussettes et s’est attaqué aux enfants sur une aire de jeu, selon des images du drame qu’un photographe de l’AFP a pu voir.
« Il a poignardé des enfants »
Dans des images relayées par la presse, on peut voir un homme de corpulence moyenne courir au milieu d’une pelouse, couteau à la main.
Selon différents témoignages, l’homme a tenté de s’enfuir de l’aire de jeu et a attaqué une personne âgée avant d’être interpellé très rapidement par la police, qui a ouvert le feu.
Les secours ont été alertés à 09h41, l’intervention déclenchée immédiatement et l’agresseur interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police.
« Je courais au bord du lac, et je vois tout d’un coup des dizaines de personnes qui courent dans le sens contraire. (…) Il y a une maman qui me dit ‘courez, courez! Il y a quelqu’un qui poignarde tout le monde tout au long du lac, il a poignardé des enfants, courez !' », a témoigné l’ancien footballeur professionnel Anthony Le Tallec dans une story Instagram.
« Je continue et je le vois qui arrive en face de moi, sur l’herbe. Je vois des flics qui sont à cinq, dix mètres derrière lui (…). Il arrive vers moi, donc je m’écarte. Et je vois qu’il fonce tout droit vers des papys et mamies, et là il attaque le papy, il le poignarde une fois », poursuit-il.
« Il attaque une fois deux fois, et là ils commencent à tirer, donc là ils tirent devant moi, sur la personne, donc il tombe à terre (…). Moi je continue ma course, et je vois des enfants par terre, très malheureux, des enfants touchés », a-t-il témoigné.
Minute de silence
Les abords du parc ont été bouclés par un important dispositif policier, a constaté une journaliste de l’AFP. L’attaque a semé l’effroi dans cette ville d’eau habituellement très calme.
Selon le quotidien local Dauphiné libéré, la plupart des victimes ont été transférées au centre hospitalier Annecy Genevois.
Une cellule de crise a été installée à la préfecture de Haute-Savoie.
A Paris, députés et membres du gouvernement ont observé une minute de silence à l’Assemblée nationale.
La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a invité à cette minute de silence « pour eux, pour leurs familles », après cette « attaque gravissime ».
Plusieurs attaques au couteau ont eu lieu récemment en France, mais aucune attaque récente à l’arme blanche n’a visé des enfants.