Fosse commune, tombes numérotées…: à Izioum, on se souvient de l’horreur de Boutcha
Les images des « 440 tombes » d’Izioum ne sont pas sans rappeler la barbarie de Boutcha, petite ville près de Kiev où plusieurs fosses communes jonchées de cadavres de civils avaient été découvertes. Nouveau massacre ou triste conséquence de la guerre? Une enquête doit encore être menée…
Le repli de l’armée russe et la libération de plusieurs villes par les forces ukrainiennes révèlent des paysages détruits par la guerre. Et la ville d’Izioum ne fait pas exception… Là-bas, les victimes se comptent souvent par centaines : une fosse commune de militaires ukrainiens et des centaines de tombes ont été retrouvées après le départ des Russes.
« Boutcha, Marioupol, et maintenant, malheureusement, Izioum… La Russie laisse une traînée de mort dans son sillage », déplore le président ukrainien Volodomir Zelensky, à l’annonce de ce qu’il considère être un nouveau massacre. Mais que s’est-il réellement passé à Izioum ? Que savons-nous de la situation à l’heure actuelle ?
Les Russes laissent des cadavres derrière eux
Des semaines voire des mois séparent ces événements, mais le contexte reste le même: l’Ukraine contre-attaque. Il ne s’agit pas là du titre d’un blockbuster des années 80, mais bien des événements qui se trament de l’autre côté du continent. En Ukraine, la tendance s’est inversée: les forces ukrainiennes mènent des contre-offensives dans le pays et libèrent des territoires conquis par les Russes.
Dans le Sud, les Russes tiennent leur position, la situation reste au point mort. Mais dans l’Est, les Ukrainiens progressent rapidement. De nombreuses localités de la région de Karkhiv, dont la ville d’Izioum, ont été reprises aux mains des soldats de Poutine. Une bonne nouvelle, rapidement ternie par un spectacle loin d’être réjouissant…
Avant la guerre, Izioum comptait plus de 45.000 habitants. De la ville, il ne reste aujourd’hui plus que des décombres. C’est dans une forêt aux alentours que les autorités auraient découvert une fosse commune et plusieurs tombes numérotées. Selon les autorités locales, 443 tombes ont été découvertes au total et certaines d’entre elles pourraient renfermer plusieurs corps. Les numéros, selon toute vraisemblance les dates de la mort des personnes enterrées, vont du début mars, quand la ville était encore sous contrôle ukrainien à début septembre.
Dans la fosse sont enterrés des soldats. Dans les tombes, des civils ukrainiens. Plusieurs croix surplombant les tombes portent des noms et sont parfois ornées de fleurs. Selon Oleg Kotenko, responsable gouvernemental pour la recherche des personnes disparues, « il y a une famille enterrée là, avec un jeune enfant. Ils ont été tués, il y a des témoins du même immeuble, ils ont vu ce qui s’est passé et ont enterré ces gens ici ». Les tombes sans nom seraient celles de personnes trouvées dans la rue.
Comment ont-ils été tués?
Difficile de répondre à cette question tant qu’une enquête n’aura pas été menée. Pour l’heure, seuls les événements passés peuvent parler. Izioum a en effet fait l’objet d’intenses attaques d’artillerie en avril, et la ville, située près de la frontière entre les régions de Kharkiv et de Donetsk, est devenue une plaque tournante importante et un nœud stratégique de ravitaillement pour les militaires russes.
Un certain nombre de civils pourraient donc avoir été tués dans des tirs d’artillerie, des frappes aériennes ou par des mines. « Nous savons que certains ont été abattus », a néanmoins affirmé Serguiï Botvinov, un responsable de la police régionale.
Ce n’est pas la première fois que les forces russes sont accusées par l’Ukraine d’exactions dans les territoires qu’elles occupent, notamment à Boutcha, en périphérie de Kiev d’où elles se sont retirées fin mars et où avaient été découverts des cadavres de civils exécutés. Qualifié de crime de guerre par le président ukrainiens mais de « mise en scène » sur les réseaux sociaux, cet événement avait fait grand bruit. L’histoire se répèterait-elle à Izioum?
Avant de confirmer quoi que ce soit, « les circonstances de la mort des personnes qui pourraient se trouver dans ces tombes collectives doivent être établies », a indiqué Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.
Les conditions dans lesquelles les victimes sont mortes sont en effet déterminantes. Il faut pouvoir distinguer une fosse d’un charnier. Pour ce faire, il est important de vérifier s’il s’agissait de militaires ou de civils, s’ils ont été exécutés, s’ils sont morts dans le cadre des combats ou bien de cause naturelles exacerbées par le manque de soins médicaux. Raison pour laquelle l’ONU souhaite envoyer une équipe d’enquêteurs à Izioum. D’autant que les informations viennent en grande partie des autorités ukrainiennes…
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