Pourquoi l’Europe se découvre le plus intensément à vélo
Entre Kiev et l’île d’Iona en Ecosse, le journaliste Stéphane Faure est parti à la rencontre de la jeunesse qui rêve encore d’une Europe solidaire. Plus à l’est qu’à l’ouest.
«A quoi peut-on encore rêver quand la guerre revient et que le climat vacille?» C’est avec la volonté de confronter la jeunesse à cette question que le journaliste Stéphane Faure a parcouru essentiellement à vélo, du 29 mars au 20 juin 2023, le vieux continent d’est en ouest. Rêve-t-elle d’Europe? Que le périple de l’auteur de 4000 KM (1) débute en Ukraine et se termine en Ecosse fournit une idée de la réponse. Ces deux territoires ont vu l’aspiration de leur population à se développer au sein de l’Union européenne entravée par des forces extérieures, certes incomparables, la guerre imposée par les Russes et le Brexit voulu par une majorité de Britanniques. L’une et l’autre en rêvent toujours.
«Le cœur de la jeunesse du continent bat plus fort à l’Est, à la lueur de Kyiv», constate Stéphane Faure, à l’aune de l’expérience de la guerre des habitants de la capitale ukrainienne, et de la crainte qu’elle se prolonge sur leurs terres de ceux de Pologne, de Slovaquie, et de République tchèque. A cette menace, l’auteur oppose la force des relations humaines, telles qu’il les a expérimentées pendant son tour d’Europe. «La liberté, au-delà de l’émancipation, c’est ce chemin qui mène à la lumière des liens. C’est en ça que le rêve européen est séduisant: la force des liens.» Entre Lviv, Cracovie, Bratislava, Budapest, Vienne, Prague, Francfort, Strasbourg, Luxembourg, Bruxelles, Rotterdam et Glasgow, l’auteur-randonneur dévoile ses rencontres riches en émotions, dont celle avec un couple de fermiers belges dans les Carpates slovaques.
Chez Stéphane Faure, le choix du vélo et du logement sous tente en forêt pour traverser l’Europe, au-delà des aléas qu’il implique entre souffrance au genou dès le premier tiers du parcours et combat contre les midges, moucherons voraces écossais en quête de sang, est aussi une forme d’engagement politique. Le vélo est vu «comme symbole d’une aspiration à la lenteur, d’une économie durable, à énergie renouvelable, renouant avec les limites dans un mouvement maintenant circulaire, à l’écoute de soi et des murmures du monde». «Si ce voyage m’a enseigné une chose, une seule, poursuit-il, c’est la valeur du mouvement. Pour vivre et se rencontrer. Pour imaginer, se battre et s’engager. Pour espérer.» Heureux sont ceux qui enfourchent leur bicyclette à la découverte des autres, en Europe ou ailleurs.
«La liberté, au-delà de l’émancipation, c’est ce chemin qui mène à la lumière des liens.»
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