Elections: les Allemands hésitent à solder l’ère Merkel
En recul de huit points par rapport au scrutin de 2017, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) subit une défaite moins lourde qu’annoncée aux élections législatives. Le Parti social-démocrate d’Olaf Scholz devrait avoir la main pour former le prochain gouvernement. Mais forger une coalition ne sera pas simple. Les partis d’extrême droite et de la gauche radicale reculent.
La carrière politique d’Angela Merkel se termine sur un échec : elle n’a pas réussi à faire émerger un dauphin susceptible de lui succéder et laisse, après seize années d’exercice du pouvoir, un parti en toute petite forme. Certes l’Union chrétienne-cémocrate (CDU) a regagné quelques points par rapport aux prévisions des sondages dans les derniers jours précédant les élections législatives du 26 septembre et se trouvait au coude-à-coude dimanche soir avec le Parti social-démocrate.
Mais, avec les 24 % annoncés par les estimations « sorties des urnes » de la ZDF, le parti de la chancelière sortante réalise un mauvais score, perdant huit points par rapport à son score du précédent scrutin de 2017 (32,93 %) et seize en regard de celui de 2013 (41,5%). Il doit sans doute aussi laisser la première position de l’échiquier politique allemand à son principal rival, le Parti social-démocrate, SPD, annoncé victorieux avec quelque 26 % des suffrages.
A cette aune, il faudrait un concours de circonstances inédit pour que la CDU se maintienne au pouvoir. Elle ne pourrait le faire qu’en nouant une « grande coalition » avec le SPD, mais a déjà annoncé ne pas vouloir jouer le rôle de « partenaire junior » ou en s’alliant avec les Verts et les libéraux. Des scénarii qui ne sont pas d’actualité.
Olaf Scholz à la formation de la prochaine coalition ?
En remportant vraisemblablement les élections, c’est bien le leader des sociaux-démocrates, Olaf Scholz, l’ancien ministre des Finances d’Angela Merkel dans l’alliance CDU/SPD sortante, qui a la main pour la formation de la prochaine coalition.
Sauf à envisager la peu probable prolongation de l’entente avec la CDU, il devra composer avec deux partenaires qui ne seront pas nécessairement très disposés à collaborer : les Verts qui, avec leurs 14,5 % estimés, sont les vrais vainqueurs du scrutin en doublant quasiment leur score de 2017 (8,9 %) et le Parti libéral-démocrate (FDP) qui progresse aussi, mais dans une moindre proportion, avec 12 % des suffrages.
Les deux dernières formations notables de l’échiquier politique allemand, situées aux extrêmes, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) à l’extrême droite, et Die Linke, à l’extrême gauche, sont en baisse, à 10 % contre 12,6 en 2017, pour la première, et à 5 % contre 9,2 il y a quatre ans, pour la seconde. Ce dernier résultat excluerait, si les estimations sont confirmées, la possibilité d’une alliance entre le SPD, les Verts et Die Linke.
Celui qui fut bourgmestre de Hambourg, pour partie en coalition avec les écologistes de 2015 à 2018, Olaf Scholz, se trouve donc au pied du mur. Crédité d’une campagne réussie où il a bénéficié des faux pas de ses concurrents Armin Laschet (CDU) et Annalena Baerbock (Verts) et où il a tablé sur l’attrait de la continuité de la politique centriste d’Angela Merkel, il ne pourra savourer son succès que s’il fait preuve d’un sens aigu de la négociation et d’un grand talent de persuasion pour fédérer autour de lui des partis aux priorités aussi éloignées que celles des Verts et des libéraux. A l’issue du scrutin de 2017, il avait fallu six mois à Angela Merkel pour forger un programme de gouvernement. Le calendrier risque d’être aussi long en 2021.
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