Elections en Finlande: Sanna Marin pourrait se voir détrôner
Populaire chez elle comme à l’étranger, la Première ministre Sanna Marin joue toutefois une difficile reconduction dimanche lors d’élections législatives en Finlande, où la dirigeante de 37 ans pourrait être détrônée par la droite voire les nationalistes anti-immigration.
Une bataille à trois très serrée oppose la cheffe des sociaux-démocrates, le numéro un de la Coalition nationale Petteri Orpo, classé au centre-droit, et la dirigeante de l’extrême-droite du parti des Finlandais, Riikka Purra, qui vise une victoire inédite et un score record pour ces législatives.
Le candidat du parti arrivé premier hérite traditionnellement du poste de Premier ministre en Finlande – une règle tacite sans exception depuis 1987 – à condition de pouvoir réunir une majorité au Parlement.
Le scénario est plein de suspense car le trio est dans un mouchoir de poche, alors que la Finlande s’apprête dans les prochains jours à écrire une page historique en entrant dans l’Otan.
« Tout le monde a une possibilité de gagner et, bien sûr, nous voulons gagner pour continuer notre travail pour un futur plus durable », a déclaré samedi Mme Marin à la presse, promettant de « s’occuper des Finlandais ordinaires ».
Selon le dernier sondage jeudi, la Coalition nationale a 19,8% des intentions de vote, devant le parti des Finlandais (19,5%) puis les sociaux-démocrates (18,7%).
« Nous avons fait une excellente campagne, nous avons les meilleurs candidats dans toute la Finlande et nous sommes premiers dans les sondages, donc je suis optimiste », a estimé samedi Petteri Orpo, 53 ans, qui a fait campagne sur l’économie et les finances publiques.
Après la percée des nationalistes en Suède voisine et la victoire de l’extrême-droite en Italie l’an dernier, la Finlande va-t-elle devenir le dernier pays de la vague natio-populiste en Europe? Installé depuis plus de 20 ans dans la vie politique finlandaise, le parti des Finlandais n’est jamais arrivé en tête jusqu’ici. « J’espère que je serai la bonne surprise », a lancé samedi Mme Purra, 45 ans dont deux à la tête du parti.
« Fixit »
Une scission en 2017 avait vu une ligne plus dure prendre les commandes.
Le parti envisage officiellement un « Fixit », une sortie finlandaise de l’Union européenne, même s’il s’agit plus d’un affichage « tactique », souligne Juho Rahkonen, politologue à l’institut E2 Research. Selon l’analyste, le parti a su capitaliser plus que les autres sur la vague inflationniste actuelle, et arrive aussi en tête des intentions de vote des jeunes en se distinguant du reste de la classe politique.
Le moteur des bons sondages des ex-Vrais finlandais « est la hausse des prix de l’énergie et le déclin général du pouvoir d’achat », estime M. Rahkonen.
Sanna Marin, plus jeune cheffe du gouvernement au monde lors de son arrivée au pouvoir fin 2019, a été saluée pour sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19 et du processus d’adhésion à l’Otan, que son parti rejetait avant la guerre en Ukraine.
« Nous avons eu des années difficiles, dures, mais ensemble nous les avons surmontées », a jugé la dirigeante devant ses partisans vendredi. Mais l’économie est l’angle d’attaque principal de l’opposition, qui dénonce la hausse de 10 points de PIB de la dette publique en quatre ans, à 73%.
« Tout le monde n’est pas satisfait de Marin. Bien qu’exceptionnellement populaire, elle suscite aussi de l’opposition et le clivage politique s’est creusé », note Juho Rahkonen. « Un responsable politique seul ne suffit pas ».
Sa coalition gouvernementale de cinq partis bat aussi de l’aile depuis plusieurs mois. Son allié du Centre a déjà prévenu qu’il refuserait de reconduire cette coalition.
Les bureaux de votes, qui ouvrent à 09H00 (06H00 GMT), fermeront à 20H00 pour la publication des premiers résultats partiels basés sur le vote par avance.
Il y a 200 sièges à pourvoir, dans un pays où la formation d’un gouvernement prend en moyenne six semaines. Mme Marin devrait donc a minima assurer encore l’intérim la semaine prochaine lorsque la Finlande va officiellement adhérer à l’Otan, après le dernier feu vert nécessaire de la Turquie obtenu jeudi.
Le résultat électoral ne risque pas de faire dérailler le processus, tous les grands partis étant désormais pour l’entrée dans l’Alliance atlantique.