Charles III officiellement proclamé roi lors d’une cérémonie historique
Charles III a été officiellement proclamé roi du Royaume-Uni samedi matin, à 10h00 heure locale (11h00 HB) par le Conseil d’accession, un groupe de dignitaires, depuis le palais Saint-James à Londres. La proclamation intervient deux jours après le décès d’Elizabeth II, qui avait régné pendant 70 ans sur le pays.
Pour la première fois dans l’histoire du Royaume-Uni, la proclamation officielle a été retransmise en direct à la télévision, notamment sur la BBC.
A 10h00 tapantes, la présidente du Conseil d’accession, Penny Mordaunt, a fait son entrée dans le palais Saint-James et a d’abord annoncé le décès de la reine Elizabeth II. Ensuite, le prince Charles, âgé de 73 ans, a été proclamé Roi, sous le nom de Charles III. La lecture du texte s’est terminé par un « God save the King », repris en cœur par les membres de l’assistance.
La déclaration a ensuite été signée par les membres du Conseil, dont font partie la Première ministre Liz Truss et l’archevêque de Canterbury, Justin Welby. La reine consort Camilla et le nouvel héritier au trône, le prince de Galles William, étaient présents à la cérémonie. Charles III n’était, lui, pas présent.
Les anciens Premiers ministres britanniques John Major, Tony Blair, Gordon Brown, David Cameron, Theresa May et Boris Johnson ont assisté à la proclamation. Le Conseil d’accession a pour mission de proclamer officiellement le nouveau souverain du Royaume-Uni. Il est composé de membres de la famille royale, de la Première ministre ainsi que d’anciens politiques, et de l’archevêque de Canterbury.
« Profondément conscient » des « devoirs et lourdes responsabilités«
Après sa proclamation officielle samedi matin comme roi du Royaume-Uni par le Conseil d’accession depuis le palais Saint-James à Londres, Charles III a prêté serment devant cet organe composé de dignitaires. Une déclaration qu’il a ensuite signée. Il a également prêté le serment lié à la sécurité de l’Église d’Écosse.
Le roi Charles III s’est dit samedi « profondément conscient » des « devoirs et lourdes responsabilités » liées à ses nouvelles fonctions, prêtant serment devant le Conseil d’accession qui venait de le proclamer monarque.
« Le règne de ma mère a été inégalé dans sa durée, son dévouement et sa dévotion […] Je suis profondément conscient de ce grand héritage, des devoirs et des lourdes responsabilités de la souveraineté, qui me sont désormais transmis », a déclaré le roi de 73 ans lors de cette cérémonie, télévisée pour la première fois.
Avec le soutien de Camilla, reine consort
Il a salué « le soutien constant » de sa femme, la reine consort Camilla, et a confirmé vouloir poursuivre la tradition de reverser aux finances publiques les revenus tirés du patrimoine de la Couronne (terres, investissements etc.) en échange d’une allocation annuelle (« sovereign grant ») fixée à 15% de ces revenus.
Cette somme représentait 86,3 millions de livres pour 2021-2022, soit 98 millions d’euros.
Une cérémonie hautement symbolique
La proclamation officielle intervient deux jours après le décès de la souveraine qui aura régné le plus longtemps sur le Royaume-Uni, avec 70 ans de règne. Elle est décédée à l’âge de 96 ans jeudi, au château de Balmoral en Écosse. Celle-ci était symbolique, Charles est en effet devenu automatiquement Roi à l’instant du décès de sa mère. Il a d’ailleurs prononcé son premier discours en tant que monarque vendredi soir, où il a promis de servir les Britanniques toute sa vie « avec loyauté, respect et amour ».
La proclamation a ensuite été lue depuis le balcon du palais Saint-James, puis relayée par le roi d’armes de l’ordre de la Jarretière et une demi-douzaine de hérauts en calèche qui iront également la lire à Trafalgar square, puis au Royal Exchange.
Ensuite, le Parlement fera vœu d’allégeance et exprimera ses condoléances. Dans l’après-midi, le nouveau roi recevra la Première ministre et les principaux ministres.
A l’extérieur du palais Saint-James, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées.
« Ce qui m’émeut, c’est leur dévotion à leur pays, leur loyauté », observe Nicola Parmar, venue du nord de l’Angleterre.
« C’est le moment le plus monumental de l’histoire moderne auquel nous avons le privilège de participer », explique à l’AFP Samantha Camear, 35 ans, qui vit en Floride et passe ses vacances à Londres. Elle veut « dire au revoir » à la reine et « accueillir » le nouveau roi.
Charles s’installe en chef d’Etat
La proclamation officielle par le Conseil d’accession est une nouvelle étape dans l’instauration de Charles III comme nouveau roi du Royaume-Uni. Elle diffère du couronnement, qui se tiendra à une date encore inconnue. Sa mère, la reine Elizabeth II, avait été couronnée le 2 juin 1953 à l’abbaye de Westminster, plus d’un an après le décès de son père le roi Georges VI, le 6 février 1952.
Etape après étape, dans la plus grande solennité et dans le respect au millimètre du protocole et de la tradition, Charles III s’installe de cette manière comme chef d’Etat.
Vendredi soir, pour la première fois depuis 70 ans, l’hymne britannique « God save the King » (Que dieu sauve le roi) a été chanté dans sa version masculine à la cathédrale Saint-Paul à Londres, en conclusion d’un office religieux en hommage à Elizabeth II. Il remplace « God save the Queen » (Que dieu sauve la reine), l’hymne depuis l’accession au trône de la défunte souveraine en 1952.
Un peu plus tôt, depuis le palais de Buckingham, Charles III a prononcé son premier discours télévisé en tant que souverain, une allocution enregistrée dans laquelle il a rendu un émouvant hommage à Elizabeth II, sa « maman chérie », décédée à 96 ans après 70 ans et 7 mois de règne. Il a qualifié Elizabeth II d' »inspiration et d’exemple » pour lui et sa famille.
Il a promis de servir les Britanniques toute sa vie, comme sa mère Elizabeth II l’avait fait à son 21e anniversaire. « Comme la reine l’avait fait avec un dévouement inébranlable, je m’engage moi aussi solennellement maintenant, tout au long du temps restant que Dieu m’accorde, à défendre les principes constitutionnels qui sont au cœur de notre nation« , a-t-il déclaré, sur un ton sobre et confiant.
Des portraits de Charles sont à la une de tous les journaux samedi. « God save the King », titre sobrement le Times, avec une photo de Charles la tête inclinée, comme s’il se recueillait. Des quotidiens reprennent une citation du nouveau roi. « Je m’efforcerai de servir avec loyauté, respect, amour« : ces trois mots barrent les couvertures de The Independent, du Guardian, du Financial Times. Le Sun a lui choisi une photo de Charles derrière sa mère avec ces quelques mots: « A ma maman chérie, merci ».
Charles III accède au trône dans une période difficile, le Royaume-Uni étant confronté à la pire crise économique de ces 40 dernières années, alors que quatre Premiers ministres se sont succédé en six ans.
A 73 ans, il est le monarque britannique le plus âgé au début de son règne.
Charles III est infiniment moins populaire que sa mère, qui avait su maintenir le prestige de la monarchie, ne donnant aucune interview et gardant ses opinions pour elle.
Mais le nouveau roi a été ovationné, à son arrivée à Buckingham vendredi après-midi, à son retour d’Ecosse. Accompagné de son épouse Camilla, devenue reine consort, il a serré les mains de dizaines de personnes pressées contre des barrières devant le Palais.
Des milliers de personnes ont afflué depuis l’annonce de la disparition d’Elizabeth II pour déposer bouquets de fleurs et mots d’hommage.
« Toutes nos condoléances », « Que Dieu vous bénisse », « Je vous souhaite le meilleur », lui a lancé la foule.
Livres de condoléances
Elizabeth II est décédée jeudi « paisiblement » dans son château de Balmoral en Ecosse, où se trouvaient alors son fils Charles et sa fille Anne. Ses deux autres fils Andrew et Edwards, et le prince William, désormais héritier de la Couronne, puis le prince Harry seul, sont arrivés après le décès.
Le roi a fait savoir que le deuil royal – qui concerne la famille, le personnel et les représentants de la maison royale – durerait jusqu’à sept jours après les funérailles de la reine, dont la date n’a pas été confirmée.
Les résidences royales resteront fermées jusqu’après ces funérailles et les drapeaux y seront en berne.
Le deuil national, décrété par le gouvernement, doit lui durer jusqu’au jour des funérailles. La reine sera inhumée en privé dans la chapelle du château de Windsor.
Des milliers de Britanniques, certains émus aux larmes sont venus déposer des fleurs devant Buckingham Palace, à Windsor et à Balmoral.
« Je voulais être ici aujourd’hui… C’est très puissant de se rassembler ici avec tellement d’autres personnes, de montrer à quel point nous la respections. Elle a tellement fait pour ce pays, cela ne sera plus pareil sans elle », abonde David Renn, 42 ans, venu à vélo de Londres jusqu’à Windsor.
Le portrait d’Elizabeth II orne les arrêts de bus londoniens, remplaçant les publicités, et des livres de condoléances ont été ouverts dans certaines églises, ainsi qu’en ligne sur le site officiel de la famille royale.
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