Coronavirus: l’Europe retourne lentement à la normale, la pandémie flambe en Amérique du Sud
Les cafés parisiens rouvrent mardi leurs terrasses, symbole d’un lent retour à la normale en Europe, au moment où la pandémie de coronavirus ravage l’Amérique du Sud et menace d’effondrement ses systèmes hospitaliers.
C’est un retour à « une vie presque normale » en France, selon les termes du Premier ministre Edouard Philippe, après deux mois et demi de confinement qui coûtera, comme partout, cher à l’économie du pays : une récession d’au moins 11% est attendue cette année.
Si à Paris et dans sa région, zone la plus touchée, seules les terrasses peuvent accueillir la clientèle, dans le reste du pays les bars et restaurants rouvrent leurs salles, à condition de respecter les consignes de distanciation.
Un peu partout, les restaurateurs s’étaient préparés lundi pour ce moment tant attendu, comme à Strasbourg (est), au célèbre restaurant la Maison Kammerzell.
« On a passé plusieurs heures à tout nettoyer. Lundi, on a une seconde désinfection Covid, encore plus poussée », affirme à l’AFP Théo Stutzmann, maître d’hôtel.
« J’irai voir mes petits-enfants »
Le masque est obligatoire pour les serveurs et pour les clients qui voudront aller aux toilettes. « On a tous demandé une fois la salière à un voisin de table. Là, ce ne sera plus possible », ajoute-t-il.
Les collèges, les lycées et les petites salles de spectacle rouvrent mardi dans la majeure partie du pays et l’interdiction de se déplacer à plus de cent kilomètres de son domicile est levée.
« Peut-être que le week-end prochain j’irai voir mes petits-enfants, enfin, qui sont à Nantes » (ouest), a confié à Paris Linda Espallargas. « Mais je prendrai ma voiture pour être bien isolée, parce que j’ai peur encore du virus, j’ai plus de 65 ans donc je me méfie ».
« Revivre comme avant l’épidémie? Non, pas encore », affirme toutefois Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique consulté par les autorités françaises. « Je ne parlerai pas d’extinction car le virus va rester, mais une baisse significative (de sa propagation) est en cours ».
Lundi, de hauts lieux touristiques en Europe ont recommencé à accueillir le public, même si précautions sanitaires et restrictions imposées aux voyages empêchent encore la venue des grandes foules.
A Rome, le Colisée, site touristique le plus fréquenté d’Italie, a accueilli près de 300 personnes qui avaient effectué une réservation en ligne, loin des 20.000 touristes quotidiens habituels.
« Nous profitons de l’absence des touristes étrangers pour venir nous balader », s’est réjoui Pierluigi, un Romain venu visiter pour la première fois le Colisée avec son épouse.
En Espagne, où pour la première fois depuis trois mois le virus n’a pas fait de morts en 24 heures, c’est l’emblématique musée Guggenheim de Bilbao qui a rouvert ses portes.
A Istanbul, le Grand Bazar, inaccessible au public depuis le 23 mars, revit. La vie continue et on attend les clients », a déclaré Yasar Sabuncu, un des quelque 30.000 commerçants du vaste marché couvert, après avoir rouvert son échoppe aux rayons garnis de souvenirs et de maroquineries.
Mais pendant que les pays européens prennent à pas comptés le chemin de la normalisation, la pandémie flambe en Amérique latine.
Quatre pays du continent (Brésil, Pérou, Chili, Mexique) figurent parmi les dix ayant recensé le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, a indiqué lundi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Clairement, la situation dans de nombreux pays d’Amérique latine est loin d’être stabilisée », a souligné Michael Ryan, directeur des questions d’urgence sanitaire de l’OMS.
« Il y a eu une augmentation rapide de cas et ces systèmes (de santé) sont sous pression », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève, se montrant très inquiet également pour Haïti.
La pandémie a fait plus de 375.000 morts et contaminé au moins 6,3 millions de personnes dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 05h50 GMT.
Au Brésil, géant de 210 millions d’habitants où le bilan frôle les 30.000 morts, les mesures de confinement ou au contraire de déconfinement y sont prises en ordre dispersé selon les Etats ou les villes. Et le président Jair Bolsonaro appelle régulièrement à la levée des restrictions pour préserver l’économie et l’emploi.
A Rio de Janeiro, la municipalité a ainsi annoncé lundi un plan de retour graduel à l’activité dont les premières mesures entrent en vigueur mardi. Les cérémonies religieuses peuvent reprendre et les sports nautiques individuels, comme le surf ou la natation, sont à nouveau autorisés sur les kilomètres de plages de la « Ville merveilleuse ». Mais personne ne pourra rester sur le sable.
L’Etat de Sao Paulo, premier foyer de coronavirus du Brésil mais aussi sa locomotive économique, a commencé à engager prudemment lundi un plan graduel de déconfinement.
D’autres pays latino-américains continuent de voir une expansion de la maladie. A Mexique, le bilan a franchi lundi le seuil des 10.000 morts alors même que le pays amorce lui aussi la reprise de son activité économique.
Son propre oxygène
Le Pérou a dépassé lundi les 170.000 cas confirmés et les 4.600 décès, ce qui met au bord de l’effondrement le système de santé de ce pays de 33 millions d’habitants. Le pays fait notamment face à une pénurie d’oxygène.
« Certains hôpitaux demandent (aux familles des patients) d’apporter leur propre oxygène, parce que malheureusement il n’y en a pas assez pour tous les malades », a raconté sur une chaîne de télévision le doyen du conseil de l’Ordre des médecins de Lima, Juan Astuvilca.
Les Etats-Unis, pour leur part, ont dépassé lundi les 105.000 morts, un bilan qui fait d’eux, et de très loin, le pays du monde le plus durement frappé par la pandémie.
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