Ce que les femmes auraient pu faire des religions
Une rabbin, une imame et une pasteure publient Des femmes et des dieux, un livre qui découle des discussions entre Floriane Chinsky, Kahina Bahloul et Emmanuelle Seyboldt
Réunir une rabbin, une imame et une pasteure était une bonne idée: Des femmes et des dieux (1), le livre qui a découlé des discussions, pendant une semaine, entre Floriane Chinsky, rabbin dans le XXe arrondissement parisien, Kahina Bahloul, fondatrice de la mosquée Fatima à Paris, et Emmanuelle Seyboldt, la présidente du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France, est une brillante réussite.
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On se plaît à découvrir les raisons qui ont amené ces trois personnalités à choisir cette voie inédite et la vision, pas très différente, qu’elles ont de la foi et du sacré. On est curieux de connaître leur réflexion sur le rôle passé et futur de la femme dans leur confession et les pistes de solution pour faire évoluer les situations figées. On aime qu’elles assument le fait d’être « d’accord de ne pas être d’accord » sans pour autant s’envoyer des insultes à la figure. On apprécie leur envie partagée de favoriser une approche historico-critique de leur religion. Et, comme celle-ci a été imparfaitement pratiquée, même à des amplitudes diverses, par le judaïsme, le protestantisme et l’islam, on en vient à se demander ce que seraient devenues ces religions si des femmes en avaient fixé les orientations depuis leur émergence.
Car, comme le souligne l’imame Kahina Bahloul à l’unisson de ses deux coreligionnaires, « le patriarcat n’est pas une religion. […] Les hommes se sont complètement approprié le discours religieux, et l’interprétation des textes qui va avec, ce qui aboutit inévitablement à un système de pensée excluant totalement les femmes ». Or, « la prison mentale du patriarcat reste encore trop forte ». Les hommes de religion savent ce qu’il leur reste à faire.
(1) Des femmes et des dieux, par Floriane Chinsky, Kahina Bahloul et Emmanuelle Seyboldt, Les Arènes, 256 p.
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