Ce que Google et Facebook savent de moi
Avec le RGPD, vous avez le droit de savoir ce que chaque acteur public ou privé sait de vous. J’ai donc tenté l’expérience, en important les données collectées sur moi par ces deux géants depuis des années : impressionnant.
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Je suis ce que l’on appelle un hyperconnecté. Aux réseaux sociaux, à YouTube, au stockage décentralisé (le fameux cloud) et à ces applis où l’identification, souvent indispensable, passe par une connexion via un compte Google ou autre. Les cookies ? J’accepte tout. Mon smartphone ? Géolocalisé en permanence. Alors, après douze ans d’expérience virtuelle sur Facebook, et bien davantage sur les Google et Cie, mes goûts et mes couleurs valent leur pesant de » data « .
L’article 15 du RGPD autorise chacun à obtenir une copie des données à caractère personnel détenues par n’importe quel acteur, dans un format lisible et structuré. Dans le cas de Google ou Facebook, je leur ai donné mon consentement pour les exploiter il y a bien des années, quand j’ai accepté sans ciller – à défaut de me passer de leurs services – ces fameuses » conditions d’utilisation » que personne ne lit. C’est donc ce palmarès virtuel que je décide d’explorer en demandant l’accès à mes » données d’activité » pour ces deux comptes.
Le résultat se présente sous la forme d’un paquet de données de près de 3 Go chez Facebook et de… 40 Go chez Google. Sans surprise, le premier restitue tout ce que j’ai publié, commenté, liké, envoyé ou recherché depuis la création de mon compte en 2008. Mais encore : un historique des positions envoyées via mes appareils depuis 2015. Des centaines de » centres d’intérêt » à des fins publicitaires, générés à partir de mes interactions avec tous les contenus. Certains sont vagues (voyages, photographie…), d’autres plus précis (Coldplay, psychologie évolutionniste, et saviez-vous que je suis fan de la » migration pendulaire » ? ) ou totalement erronés (désolé pour le Téhéran Football Club). Plus interpellant : un inventaire très partiel, de quelques mois à peine, des annonceurs qui ont » importé une liste de contacts » contenant mes informations. Parmi eux : Netflix, Airbnb ou encore bpost.
Mais c’est bien Google qui remporte le duel des data me concernant. Il y a toutes mes requêtes effectuées depuis 2011 sur son moteur de recherche et depuis 2013 sur YouTube. Tous les sites consultés sur Chrome depuis 2018. Quelques fichiers audio de mes rares requêtes effectuées via l’enregistreur vocal de Google. Toutes les adresses IP à partir desquelles je me suis connecté à ses services. Et, surtout, cet historique peu lisible mais ultracomplet de mes positions et déplacements depuis 2014. Avec, pour chaque date (horodatée au format timestamp), la latitude, la longitude, le degré de précision de la géolocalisation et le moyen de déplacement estimé (marche, course, véhicule à quatre roues, train…).
Ces données sont-elles exhaustives ? Qui sait comment Google, Facebook et l’ensemble de leurs obscurs partenaires ont pu les dépecer, traduire ou interpréter, pour en déduire des comportements, des forces et des faiblesses, voire une personnalité ? Alors, ni une ni deux, sans savoir si tout disparaîtra vraiment, j’active pour la première fois la suppression de mes activités Google datant, disons, de plus de dix-huit mois. Un peu de sobriété numérique ne peut faire de mal. Reste, un jour, à me passer de Facebook et de tout le reste. Mais ça, c’est une autre histoire.
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