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« Bonjour, c’est Eric Zemmour »: comment des candidats à la présidentielle française démarchent via… répondeurs

De nombreux citoyens français ont été surpris de recevoir des messages préenregistrés de Valérie Pécresse ou d’Eric Zemmour sur leurs téléphones. Cette pratique de démarchage électoral pose question, surtout concernant sa légalité.

Les candidats à la présidentielle regorgent d’imagination quand il s’agit de tenter de séduire des électeurs. Certains français ont pu entendre sur leur téléphone: « Bonjour, c’est Éric Zemmour, votre candidat à l’élection présidentielle. (…) Dans l’isoloir, votez pour la France, votez Éric Zemmour. ». Rapidement, ces messages vocaux laissés sur le répondeur ont fait le tour de la toile. Des internautes se sont indignés sur Twitter : « C’est quoi ces méthodes ? Je n’ai jamais donné mon numéro de téléphone », « A quel moment j’ai envie de recevoir un message vocal d’Eric Zemmour ? », ou encore « C’est vraiment légal ça ? ». Dans son allocution, le candidat appelle les citoyens à « penser à leurs enfants » et assure que « les sondages se trompent à chaque fois ».

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Le candidat d’extrême droite n’est pas le seul à avoir opté pour cette stratégie de communication. Valérie Pécresse a elle aussi préparé des messages préenregistrés, qui semblent uniquement destinés aux femmes. « Bonjour, c’est Valérie Pécresse. Je tenais à m’adresser à vous, à quelques jours de l’élection présidentielle, de femme à femme », entend-on au bout du fil.

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Rapidement, la légalité de cette pratique a été questionnée. Plusieurs internautes ont appelé ceux qui ont reçu ces messages à le signaler sur la plateforme de la Commission nationale de l’informatique et des libertés de France (CNIL). Elle a en effet dédié une page à l’élection présidentielle pour recenser des problématiques liées à la protection des données des électeurs.

La CNIL rappelait déjà en novembre 2019 les règles autour de la communication politique par téléphone. Les candidats peuvent obtenir les numéros de téléphone de citoyens de plusieurs manières. Par exemple, via un formulaire du parti ou du candidat, ce qui supposerait que la personne est déjà intéressée par ses idées et a donné son accord pour recevoir plus d’informations. Mais il existe un autre moyen de se procurer des données : les candidats peuvent acheter ou louer des bases de données auprès de sociétés privées.

Toutefois, pour respecter la base légale prévue par le règlement général sur la protection des données (RGPD), il faut impérativement avoir le consentement de la personne au bout du fil. Cela peut par exemple se traduire par un premier message téléphonique afin d’avoir l’accord du citoyen afin de poursuivre la démarche. C’est notamment ce qu’on peut entendre au début du message vocal de Valérie Pécresse : la candidate donne la possibilité de s’opposer à l’écoute de son message ou bien d’écouter les mentions légales. En revanche, du côté du candidat Eric Zemmour, il n’y a pas la possibilité de marquer une quelconque opposition. Et c’est là que ça coince. Mais les équipes du candidat ont assuré aux journalistes de TF1 qu’elles n’enfreignaient pas la loi, étant donné que la CNIL n’encadre que les appels automatiques, et non les messages vocaux. Si la pratique est douteuse, elle semblerait donc bien légale – en tout cas pas mentionnée comme illégale -, et les partisans du parti Reconquête ne manquent pas de rappeler qu’Emmanuel Macron avait également utilisé ce stratagème en 2017.

Sarah Duchêne

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