Après ses PMA en Belgique, une députée française porte son « combat » à l’Assemblée
La procréation médicalement assistée pour toutes les femmes ? « Enfin! », souffle la députée française Laurence Vanceunebrock-Mialon. Avant de porter ses convictions à l’Assemblée, qui commence à débattre mardi de cette mesure, cette ancienne policière a eu deux filles grâce à des PMA en Belgique.
En 2017, lors de sa campagne éclair aux législatives pour le parti macroniste La République en Marche (LREM), la nouvelle venue en politique ne s’étend guère sur sa vie privée. Dans sa circonscription rurale du centre de la France, elle parle plutôt réindustrialisation, transports de proximité et déserts médicaux.
C’est une fois au Palais Bourbon qu’elle décrit sa situation de « lesbienne avec deux enfants, séparée de son ex avant le mariage pour tous ». Puis signe une tribune dans le quotidien Libération, en janvier 2018, pour réclamer « l’égalité de toutes les femmes face à la PMA ».
Le « parcours très difficile » de la procréation médicalement assistée, l’ex-gardienne de la paix l’a vécu à deux reprises: en 2000 pour mettre au monde sa première fille puis en 2004, avec sa compagne qui porte la seconde.
« Je savais depuis très jeune que j’avais un désir d’enfant. Mais ça paraissait nébuleux. On ne sait pas comment faire ni à qui s’adresser. Il y a vingt ans, on n’en parlait pas comme maintenant », raconte la députée à l’AFP.
Alors installée dans la région de Lille (nord), elle trouve deux cliniques à Bruxelles. « Le principal problème, c’était le coût, relativement important », se souvient-elle, alors qu’à l’avenir l’acte sera remboursé par la Sécurité sociale.
Depuis, Laurence Vanceunebrock-Mialon, 49 ans, est séparée de sa compagne. Elle a refait sa vie et adopté deux garçons avec son épouse, médecin généraliste.
Sur le plan légal, elle n’a plus « aucun lien » avec sa deuxième fille, qu’elle n’a pas portée. La seule solution serait de l’adopter, mais « est-ce normal d’adopter ses propres enfants ? », dénonce la parlementaire en espérant convaincre le gouvernement d’encadrer ces situations antérieures au projet de loi.
« Lenteur » du temps politique
En attendant, l’ancienne policière, qui « aime gagner » et regrette la « lenteur » du temps politique, est en pointe dans les débats. Elle soutient des amendements, retoqués en commission, en faveur de la PMA post-mortem (avec des gamètes d’un conjoint décédé) ou la PMA pour les transgenres.
La journaliste et militante Alice Coffin juge qu’elle « incarne un changement majeur sur des questions comme la représentation des minorités et la possibilité, si rare en France, de pouvoir tenir un discours public alors qu’on est soi-même concerné ».
C’est précisément ce que lui reprochent certains adversaires comme Agnès Thill, exclue de LREM pour des propos sur les homosexuels jugés « polémiques » et « pernicieux » par son ancien parti.
« On ne légifère pas pour soi. Si chacun y va de sa vie personnelle… », lâche la députée, déplorant qu’il y ait « deux France qui ne s’écoutent plus » et que « ceux qui ne pensent pas comme elle soient insultés. On est traité d’homophobe, de réac’ (…) C’est limite de la pensée unique », assène Agnès Thill.
Dans sa circonscription de Montluçon, l’ancien maire Daniel Dugléry (Les Républicains, droite), battu aux législatives, reste amer: « Elle ne connaît aucun sujet de son territoire. Ce n’est pas la députée modèle ».
A l’inverse, le député LR Xavier Breton la « respecte » malgré leurs points de vue « opposés », car « elle réclame d’abord de rétablir le lien parent-enfant né d’une PMA après une séparation. Elle le fait avec beaucoup de cohérence et d’arguments, elle ne joue pas sur l’émotion ».
Allure sage et débit mitraillette, Laurence Vanceunebrock-Mialon estime que les médias ont largement contribué à lui coller cette étiquette de « députée PMA » alors qu’elle traite d’autres sujets, tels que la lutte contre l’homophobie dans les territoires d’outre-mer ou les « thérapies de conversion », qui prétendent « soigner » les homosexuels.
Dans les mois qui viennent, elle entend aussi travailler sur la « sécurité dans le monde de la chasse, un problème en milieu rural, afin de partager l’espace naturel en bonne intelligence ».
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