Kiev
Kiev, ce lundi 10 octobre, après des bombardements russes. © Getty

« Affirmer que Poutine était en train de perdre la guerre était prématuré »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Après une série de contre-offensives ukrainiennes, la Russie semble avoir frappé durement, ce lundi. Comment expliquer ce revirement de situation ?

En Ukraine, les guerrières semaines se suivent sans se ressembler. Alors que, depuis le début du mois d’octobre, les contre-offensives ukrainiennes semblaient de plus en plus nombreuses et laissaient penser que les troupes de Zelensky reprenaient le dessus, de nouvelles frappes russes ont touché plusieurs villes ce lundi. Zaporijjia et Dnipro, plutôt proches de la ligne de front à l’Est, mais aussi Lviv, qui en est au contraire très éloignée à l’Ouest, ainsi que Kiev, qui n’avait plus été bombardée depuis le 26 juin dernier. Selon la police ukrainienne, l’attaque de la capitale a fait au moins cinq morts et douze blessés.

Kiev ainsi que les régions de Khmelnytskiï, Lviv, Dnipro, Vinnitsia, Zaporijjia, Soumi, Kharkiv ou encore Jytomyr ont été bombardées.

Au total, la Russie aurait lancé 75 missiles sur l’Ukraine, lundi. Comment expliquer ce rapide retournement de situation ?

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« On a assisté à une passe qui était clairement défavorable à la Russie, c’est certain. Mais qui n’était pas définitive », mettait en garde, jeudi dernier, Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense (IRSD). En insistant : affirmer que Poutine était en train de perdre la guerre était « prématuré ».

« L’armée russe est encore en contrôle de 15 à 20% du territoire ukrainien. Elle est encore en capacité de bombarder massivement les villes. De plus, la volonté du Kremlin d’envoyer des hommes au front coûte que coûte se confirme », indiquait au Vif le spécialiste de la Russie.

Les Ukrainiens ont pu exploiter une « fenêtre d’opportunités », notamment liée à des problèmes de commandement et de logistique du côté russe. Mais, selon Nicolas Gosset, le fait que la Russie soit en train de former de nouvelles recrues (le 22 septembre dernier, Poutine a annoncé la mobilisation de 300 000 civils pour soutenir l’effort de guerre) ne laisse rien présager de positif pour l’Ukraine, d’ici les prochains mois.

Si, durant l’hiver qui arrive, on devrait assister à une « stabilisation de la ligne de front », il faudra ensuite « observer ce qu’il se passe au printemps avec la mobilisation russe et l’arrivée des nouveaux appelés ».

« Cela risque tout de même de créer de la difficulté pour les Ukrainiens », selon Nicolas Gosset. « Cela induit une difficulté qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main. » D’autant que, côté renouvellement des équipements, la Russie n’est pas au point mort malgré les pertes enregistrées. « L’industrie d’armement russe tourne quand même, même si elle ne peut plus produire du high-tech, des calibres en série… Ils s’approvisionnent en drones auprès de l’Iran. Ces drones frappent durement les villes ukrainiennes. Ils s’approvisionnent également en obus d’artillerie auprès de la Corée du Nord. »

Ce lundi, selon les autorités ukrainiennes, la Russie aurait d’ailleurs utilisé des drones de combat iraniens. Les contre-offensives ukrainiennes ont sans doute réjoui un peu trop vite…

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