Affaire Benjamin Griveaux: Piotr Pavlenski et sa compagne inculpés
L’activiste russe Piotr Pavlenski, qui a diffusé les images fatales à la candidature aux municipales à Paris de Benjamin Griveaux, un proche du président Emmanuel Macron, et sa compagne Alexandra de Taddeo ont été inculpés mardi et placés sous contrôle judiciaire.
Le performer russe, réfugié politique en France depuis 2017, également mis en cause dans un autre dossier portant sur des violences avec arme commises le 31 décembre, n’a pas été inculpé (« mis en examen ») dans cette enquête et devrait être remis en liberté dans la soirée, a précisé son avocat.
Alexandra de Taddeo, étudiante de 29 ans, reconnaît être la destinataire des images à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, datant de 2018, mais nie toute implication dans leur diffusion, a indiqué son avocate. La jeune femme et son compagnon sont accusés d' »atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l’accord de la personne d’un enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenues avec son consentement ou par elle-même », a indiqué une source judiciaire.
« Elle est la destinataire, elle le reconnaît sans objection, c’est bien elle. Elle les a gardées, pas pour les diffuser sur un site internet, elle les a gardées pour les garder », a déclaré l’avocate de l’étudiante, Noémie Saidi-Cottier. «
« Grotesque »
Sa position est claire, elle n’est pas à l’initiative de la diffusion des images, elle conteste son implication dans la diffusion des images. Pour le reste, elle apporte son soutien total à son petit ami », a expliqué l’avocate.
La jeune femme, une étudiante en droit parlant plusieurs langues dont le russe, aurait également en sa possession d’autres vidéos de M. Griveaux, selon une autre source proche du dossier. Son contrôle judiciaire lui interdit d’entrer en contact avec son compagnon.
Lire aussi: Affaire Benjamin Griveaux : ce que l’on sait
Piotr Pavlenski, un activiste russe de 35 ans qui a obtenu l’asile politique en France en 2017, avait rapidement revendiqué être à l’origine de la diffusion des vidéos sur un site internet ad hoc, depuis devenu inaccessible. Il a justifié son geste en dénonçant l' »hypocrisie » de M. Griveaux, qui « a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris » selon lui.
Une explication qualifiée de « grotesque » par Me Richard Malka, l’avocat de l’ancien porte-parole du gouvernement, qui a porté plainte contre X samedi. L’activiste russe est resté silencieux sur le sujet face aux enquêteurs, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP. Moins de 48 heures après la mise en ligne des vidéos, Benjamin Griveaux avait renoncé vendredi à sa candidature à la mairie de Paris.
A un mois du scrutin des 15 et 22 mars, il a été remplacé au pied levé par l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Autre affaire
Une autre affaire pourrait conduire M. Pavlenski en détention provisoire: il est également accusé de violences commises durant une soirée le 31 décembre à Paris. Il avait été interpellé samedi une première fois dans le cadre de cette deuxième affaire.
Lors d’une dispute, le Russe se serait saisi d’un couteau, selon le récit à l’AFP d’un participant à la soirée. Deux des invités ont été blessés avec ce couteau, a rapporté le site d’information Mediapart, qui avait révélé l’existence de cette enquête. Dans cette affaire, son placement en détention provisoire a été requis pour « violences avec arme et sous l’emprise de l’ivresse ayant entraîné une incapacité inférieure à 8 jours ».
Cette soirée de réveillon s’est déroulée en présence de l’avocat et essayiste français Juan Branco, qui avait défendu le fondateur de Wikileaks Julian Assange et dit avoir « conseillé » M. Pavlenski sur les vidéos à l’origine du retrait de M. Griveaux. L’activiste russe est notamment connu pour ses performances « choc », comme quand il s’était cousu les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot ou quand il s’était cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge, à Moscou. En 2019, il avait été condamné pour avoir incendié deux ans plus tôt une succursale de la Banque de France à Paris.